H. Bathó Edit – Kertész Róbert – Tolnay Gábor – Vadász István szerk.: Tisicum - A Jász-Nagykun-Szolnok Megyei Múzeumok Évkönyve 12. (2001)

Rainer Babel: Comment documenter la politique de protection francaise á l'époque moderne: une reflexion

incomplète. Pour Verdun, il existe une édition de tels documents établis jusqu'au milieu du XVIe siècle et que le chanoine Aimond a reproduits à la fin de son ouvrage sur „Les relations de la France avec le Verdunois". Pour le Clermontois, il y a la documentation d'Henri Stein et Léon le Grand présentée dans leur ouvrage sur „La frontière d'Argonne"; pour Toul, le Toulois et pour Metz, il n'y a rien de comparable. Une documentation de ce type, à quoi pourrait-elle servir? Elle aurait certainement un intérêt pour l'histoire de l'établissement de l'autorité, puis de la souveraineté française dans cette région d'importance cruciale située entre la France et l'Allemagne, elle aurait bien sûr également un grand intérêt pour les questions relevant de l'histoire régionale mais elle pourrait surtout donner des impulsions nouvelles à des recherches plus fouillées concernant l'institution de la garde royale et son évolution. C'est surtout cette troisième direction de recherche qu'il convient de souligner ici: Heinz Thomas, spécialiste averti de l'histoire du Bas Moyen Age, a constaté dans son livre sur la Lorraine et le Barrois au temps de l'empereur Charles IV que l'institution de la garde reste encore largement à explorer à bien des égards, peut-être aussi en ce qui concerne ses liens et ses différences avec ce qu'on appelle dans l'Empire le „Schutz- und Schirm­gerechtigkeit". Pourtant, la question s'impose, si une édition des lettres de garde, limitée à une région précise, limitée aussi dans le temps, pourra apporter l'impulsion souhaitée. La garde en tant qu'institution est un phénomène qui dépasse largement le cadre régional de la seule Lorraine et concerne à beaucoup d'égards l'évolution du pouvoir royal en France même, ses relations avec l'Eglise, les villes, les seigneurs etc. Même si elle était encore au XVIe et XVIIe siècle une institution importante, il semble évident que la garde devrait constituer l'objet d'une documentation de plus grande envergure pour répondre à toutes les questions soulevées. Ce serait sans doute plutôt la tâche d'un médiéviste (l'auteur de cette contribution ne l'est pas), plus à même de saisir les origines de la garde royale et de réunir les documents aptes à éclairer davantage son histoire et l'usage qu'on en a fait non seulement en Lorraine, qui préoccupe la monographie sur la protection, mais aussi ailleurs. Abandonnons donc l'histoire du Bas Moyen Age, aussi attirante sort-elle dans la perspective de l'histoire de la protection, pour passer au domaine de la politique extérieure, et replaçons la question de la protection dans le cadre des relations internationales de l'époque moderne. On peut certainement constater que de nos jours, les relations internationales à l'époque moderne, longtemps négligées, sont en train de retenir l'attention grandissante des historiens, qui se tournent à nouveau vers ce sujet tout en tenant compte des perspectives et questions nouvelles. Etant donné que l'étude de la protection a été amorcée dans le but de contribuer à ce genre de recherches, il n'est que plus logique de chercher une tâche d'édition/documentation sur le même champ. Il a déjà été mentionné que dans ce domaine, les correspondances diplomatiques sont un groupe de sources important, mais dans ce cas précis peu aptes à former un corpus cohérent, se prêtant à la base d'une édition. Un autre groupe est représenté par les traités internationaux proprement dits ou documents assimilés qui sont en quelque sorte le résultat final d'un processus politique et diplomatique. La protection française envers d'autres états figure donc avec tous les détails de son application dans une série de traités, traités qui sont à priori des accords bilatéraux, des déclarations de volonté mutuelle, signés par deux parties. Cela n'empêche pas qu'il s'agit dans le cas de la pro­tection - on dirait presque forcément - de partenaires fort inégaux quant à leur pouvoir réel, mais selon Jean Bodin, c'est justement cette inégalité qui caractérise véritablement une relation de protection. Si l'on veut comprendre la protection en tant que phénomène politique ainsi que l'évolution des détails de son application, il faut aussi étudier le contenu de ces traités. Mais qu'en est-il de la disponibilité de ces textes pour la recherche? Vu le fait que les traités sont des documents primordiaux et fondamentaux pour l'étude des relations internationales, il est plutôt surprenant de constater l'absence d'éditions modernes, c'est-à-dire basées sur des textes fiables, annotés et commentés. Les „Consolidated Treaty Series", entreprises en 1969, ont apporté une certaine amélioration pour les périodes ayant suivi 1648, mais pour le XVIe et la première moitié du XVIIe siècle surtout nous nous appuyons toujours fortement sur les travaux des érudits des XVIIe et XVIIIe siècles. Les plus importants sont vite énumérés: c'est au milieu du XVIIe siècle que le médecin franc-comtois, sujet donc du roi d'Espagne, Jean-Jacques Chifflet, publie son „Recueil des traités de paix, trêves et neutralité entre les couronnes de France et d'Espagne", un travail de portée déjà limitée par son plan bilatéral et plus encore par le fait qu'on n'y trouve que la seule reproduction des textes sans aucune annotation. D'autres recueils plus importants pourtant - importants encore de nos jours - poursuivirent de manière plus large le but de documenter tous les traités et accords conclus par une nation, et ce sur des bases plus solides, à savoir les documents déposés dans les trésors de chartes des souverains. Pour l'Angleterre, ce fut Thomas Rhymer qui donna le jour à un semblable recueil reprenant les „Foedera, conventiones, litterae etc.", recueil paru en vingt volumes à Londres entre 1704 et 1735. Pour la France, ce fut le libraire-éditeur François Léonard qui publia en six volumes un „Recueil des traités de paix, de trêve, neutralité, etc faits par les rois de France" à Paris en 1693 ­ouvrage dont les multiples défauts ont déjà été signalés par les contemporains, mais auquel le chercheur en matière de relations internationales doit tout-de-même recourir maintes fois. Un des critiques les plus sévères de Léonard fut Jean Dumont, ba­ron de Carlscroon, qui publia entre 1726 et 1731 les huit volumes de son „Corps universel diplomatique du droit des gens, contenant un recueil des traités d'alliance etc. depuis le règne de l'empereur Charlemagne jusqu'à nos jours". Durant sa vie de diplomate, Dumont put constater maintes fois combien il était utile d'çtre bien documenté au cours des longues négociations quand il était question des droits des diverses couronnes, de leurs prétentions etc. Aussi sa grande documentation était-elle destinée à se trouver dans les bagages des négociateurs sous forme d'usuel pour les cas de litiges. Dumont visait à saisir les traités importants de manière complète sans limitation dans le temps ou sur le plan géographique. Pour parvenir à son but, il emprunta beaucoup de ses pièces dans les recueils existants (Chifflet, Léonard, Rymer et beaucoup d'autres) - dont les défauts furent ainsi perpétués. Il est vrai que, en ce qui concerne le choix de ses textes, il évite les grands traités, comme celui de Westphalie en ce qui concerne leur présentation; il s'abstient de toute annotation ou de tout commentaire etc. Néanmoins, pour ceux qui se consacrent à l'étude des relations internationales, il est toujours une première source de renseignements étant donné que les éditions modernes des grands traités se bornent en général aux textes des XVIIe et XVIIIe siècles, tels que „Les grands traités du règne de Louis XIV" en trois volumes publiés par Henri Vast vers le début de ce siècle. 359

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