A Móra Ferenc Múzeum Évkönyve, 1966-67. 2. (Szeged, 1968)

Molnár Vera: La rotonde de Sárospatak

LA ROTONDE DE SÁROSPATAK En 1965, devant le côté sud de l'église gothique avec trois nefs, on a découvert à Sárospatak les fondations d'une rotonde le l'époque romane en résultat de recherches archéologiques effectuées autour de l'église qui, depuis sa construction, avait subi maintes transformations au cours des siècles. À l'est, la rotonde est prolongée par un abside à arc outrepassé. Les murs de cet abside, rejoignant la nef de la rotonde ayant 7 mètres de diamètre à l'intérieur, ont une épaisseur d'un mètre. Ils sont faits de petites pierres multiformes au mortier. L'entrée devait être au sud-ouest. Son orientation ne correspond pas à celle de l'église gothique. L'abside est orienté avec une légère différence: il est tourné un peu vers le nord-est. La rotonde n'est pas mentionnée dans les chartes connues, le manque des fonds archéologiques suffisants rend également incertaine la détermination de l'époque exacte de sa construction. Les fouilles ont cependant prouvé qu'il est impossible de la situer plus tard qu'au XII

e siècle. À la place approximative de l'église gothique sus-mentionnée, au XIII

e siècle il y avait déjà une église romane assez grande et la rotonde est devenue une chapelle isolée. Nous n'avons pas réussi à établir le plan de cette église du XIII

e siècle. Mais que cette église devait être signifiante, une grande quantité de pierres taillées trouvées dans les fenêtres semblent en témoigner. Si les fondements de cette église n'ont pas été découverts, nous avons pourtant mis à jour le mur de con cimetière. Ce mur est postérieur à la rotonde, puisqu'il a été construit à sa côté. Il est cependant antérieur à l'église construite sur un plan basiliqual dont le choeur octogonal se ferme sur trois côtés, puisqu'on peut retrouver le même mur de cimetière au-dessous des piliers de soutènement de l'abside. Cette chronologie relative fournit de nouvelles preuves à notre hypothèse selon laquelle — considérant naturellement les pierres taillées aussi — la rotonde devait être déjà terminée au plus tard au XII

e siècle. Le plan de la rotonde, la technique de construction des murs, la situation de l'entrée caractérisent nos églises les plus précoces. Il n'est même pas exclu de la situer au XI

e siècle. À l'époque romane — c'est à dire entre le XI

e et le XIII

e siècles — les rotondes sont très fréquentes dans l'architecture de l'Europe Centrale. En Pologne, en Bohème, en Moravie, les rotondes les plus précoces ont été construites dans les cours princiéres. Elles ont été construites suivant des réminiscences très lointaines à la chapelle du palais de Charlemagne à Aix-la-Chapelle, prenant des chapelles occidentales de l'époque carolingienne et ottonienne pour modèles, mais leur forme est cependant plus simple. Les jeunes états en train de formation exprimaient par là leur puissance et leur désir de ressembler à leur idéal: à l'empire ottonien. On retrouve ce type de rotonde en forme de simple église paroissiale depuis le XI

e siècle jusqu'au XIII

e siècle. Sur le territoire de la Hongrie médiévale il y avait de même nombre de rotondes à l'époque romaine. Jusqu'ici, ce type de rotonde a été intitulé chapelle ou simple église paroissiale dans la bibliographie de la question. Les recherches les plus récentes prouvent à ce sujet aussi que les rotondes précoces sont beaucoup apparentées aux chateaux-forts royaux. L'église St-Georges de Veszprém qui se date du X

e siècle, fut construit à l'intérieur du chateau-fort de la reine. La rotonde d'Esztergom, se datant de la même époque, fut l'église du palais qui servait de première résidence aux rois de Hongrie. Le statut juridique exempt de l'église de Sárospatak (elle dépendait de l'archevêque d'Esztergom et non pas de l'évêque) prouve également que la rotonde fut à l'origine une chapelle royale (capella regia). Aujourd'hui la place du chateau-fort royal précoce de Sárospatak reste encore inconnue. En ce qui concerne l'histoire du château tel que nous le connaissons à présent, il n'est pas possible de remonter dans le passé plus loin qu'au XV

e siècle. L'existence de cette rotonde, découverte récemment, nous permet de supposer que si notre hypothèse s'avère vraie et la rotonde servait vraiment d'église à un chateau-fort royal, celui-ci doit être cherché non loin d'elle. Vera Molnár 158