Janus Pannonius Múzeum Évkönyve (1964) (Pécs, 1965)
Művészettörténet - Hárs, É.: Les monstres du fascisme
LES MONSTRES DU FASCISME (Oeuvres de guerre de Ferenc Martyn) ÉVA HÁRS En mars 1944. les troupes allemandes envahirent la Hongrie. En se réclamant des droits humains, de la race supérieure, elles arrachaient des centaines de milliers d' hommes à leur foyer pour les torturer à mort dans les camps de concentration et les chambres de gaz. Ceux qui étaient restés à la maison vivaient dans une ambiance suffoquante et menaçante; c'était le règne de la cruauté et de la terreur. Aujourd'hui les chiffres, les documents authentiques, les données fournies par les historiens permettent à tout le monde de se faire une idée sur la monstrueuse brutalité et barbarie du fascisme. Les souvenirs douloureux des spectateurs et des victimes torturés et réchappes n'ont pas été estompés par le temps. Parmi les documents du despotisme tyrannique et des passions d'une cruauté bestiale, une série de dessins d'une force expessive bouleversante a vu le jour de la main d'un contemporain. C'est en 1944, dans les sombres jours des bombardements et des exécutions que sont nées les 9 feuilles intitulées ,,Les monstres du fascisme" de Ferenc Martyn. Elles traduisent la conception et l'attitude politique de l'artiste, la façon dont elles abordent le problème ne peut s'expliquer que par la psychologie de l'artiste et par les conditions sociales et historiques de son époque. Ferenc Martyn descend d'ancêtres irlandais amoureux de la liberté, de soldats et de marins. Dans son art et dans sa carrière il a lui aussi toujours tendu à franchir les barrières qui entravent le libre épanouissement de l'individu et portent atteinte aux droits humains fondamentaux, Comme enfant il apprit l'éthique du métier d'artiste dans la maison de József Rippl Rónai et c'est ici même qu'il fut encouragé à donner une forme aux images qui hantaient son imagination. En arrivant en 1926 à Paris il s'y trouva jeté dans un milieu dans lequel les différentes tendances de la peinture abstraite furent en plein épanouissement et découvraient des possibilités de plus en plus vastes. Dans ce foisonnement de courants et influences artistiques Martyn tenta de rester fidèle à ses propres conceptions pour l'expression desquelles il créa un langage pictural particulier, tout à lui. Son art ne s'empreignit pas moins de l'atmosphère parisienne. Il devint membre de „Abstraction Creation" et faisait partie du „Club Hispanista", société amicale des artistes espagnols et sudaméricains, d'esprit progressiste. Fuyant la guerre il rentra en 1940, au bout de 15 ans de présence à Paris. Il est bientôt appelés sous des drapeaux, et les grands tableaux à l'huile évoquant ses souvenirs d'Espagne et de la côte française cèdent la place à des dessins représentant les paysages enneigés des Carpathes du Nord, des camps militaires et des camps de travailleurs du S. T. O. Pendant quelques mois il est affecté aux troupes tenant garnison à Kassa, Munkács, Lavocsne jusqu'à ce que l'intervention de ses amis de Pécs lui permet de retourner. Il a horreur du despotisme grandissant du régime politique et n'arrive pas à réconcilier son idéal d'homme et d'artiste avec le service d'une guerre menée pour des faux idéaux. Le 19 mars 1944, jour de l'occupation hitlérienne, il prit définitivement la résolution de ne plus répondre à l'appel. L'avènement de la terreur fasciste lui ravit ses meilleurs compagnons, les personnes qu'il chérissait le plus. Il devint lui-même persécuté. Ce qu'il avait voulu éviter en rentrant de Paris l'a atteint en Hongrie — il n'y avait plus moyen d'échapper et Martyn dut choisir: supporter ou résister. Il fut parmi les peu qui refusèrent d'obéir de façon mécanique et choisirent le risque d'être exécuté plutôt que de participer à une guerre injuste et dépourvue de sens. Pour ne pas être obligé de répondre à l'appel il se rendit à Budapest. Recherché par les autorités il fut dénoncé et surpris dans sa cachette. Un soir on l'arrêta en compagnie de plusieurs personnes. On connaît le texte de la consigne relative aux déserteurs: „ ... devra être exécuté!" -— Celui qui reconnaissait un déserteur avait le droit de fusiller sur place. Martyn réussit par deux fois d'échapper à la mort. Et c'est alors qu'il conçut l'idée de représenter, de dénoncer par