Levéltári Közlemények, 66. (1995)

Levéltári Közlemények, 66. (1995) 1–2. - FORRÁSKÖZLÉS - Csetri Elek: Iratok Franciaország délkelet-európai diverziós terveihez, 1793–1796 / 221–234. o.

228 Csetri Elek mon plan et de notre destination jusqu'à notre arrivée sur les lieux où je leur remettrai leurs commissions et brevets, et où je préparerai tous les moyens possibles pour lever un corps de deux à trois mille hommes. Ce bâtiment étant tout prêt, j'en serai insruit par le commandant de la marine à Mar­seille, qui remettra au capitaine du dit bâtiment, en ma presence, les ordres du pouvoir Executif qui lui mandera d'être aux miens, de me conduire et tous les miens là ou je lui dirai, lorsque nous serons en mer, afin qu'il soit entièrement à mes ordres jusqu'à ce que je le renvoyé en France. Cet embarquement se fera avec toutes les precautions et dans la plus grand secret possible. Une fois embarqués, si les vents nous étaient contraires, per­sonne ne pourrait aller à terre, ni écrire, soit à Marseille, soit dans tout autre port où il se pourrait que nous fussions forcés de relâcher avant d'etre arrivés à notre destination. À dix lieues en mer, je dirai au capitaine du bâtiment de nous conduire à Ragusa ou à Durazo, si le tems ne nous permettait pas d'arriver à Raguza, où étant arrivés, je des­cendrai d'abord avec trois ou quatre de mes officiers tous habillés différemment et en sim­ples marins, avec deffenses expresses de dire qui nous sommes et nous nous annoncerons comme venants pour faire des achats de bois de construction à tirer de l'Albanie, et de fait, je pourrai en même tems en achetter et le faire porter en provence où l'on en a la plus grand besoin. Je me rendai le plus tot possible à Bagnalucca, residence du Bâcha de Bosnie, auquel je montrerai les Firmans que j'ai du grand- Seigneur et de deux grands-Vizirs du tems que j'ai été employé à l'armée ottomane, ce qui me fera lier une intimité avec ce gouverneur, dans le seul point aujourdhui d'où l'on puisse donner les plus grandes occupations à la cour de Vienne, et la forcer, à y envoyer une armée considerable pour couvrir ses plus chères possessions. Mais avant de quitter Ragusa, j'engagerai des négociants de cette ville a faire achetter bien promptement pour mon compte, en Hongrie, en Esclavonie, et en Dalmatie tous les grains, soit blé, seigle et avoine, que l'on pourra, ainsi que la plus grande quantité d'excel­lents chevaux propres à monter nos chasseurs et nos hussards, que je ferai porter en France petit à petit et dont je priverai nos ennemis. Ces chevaux étant à très bon compte sur les lieux, nous reviendront encore beauceaup moins chers que ceux qu'on trouve ici, malgré les fraix de leur transport. Dailleurs ils sont sauvages, très durs à la fatigue et par conse­quent infiniment supérieurs aux nôtres. Ma connaissance faite avec le Bâcha de Bagnalucca et eimentée par les petits presents que je lui offrirai, ainsi qu'à tous ceux qui l'environent, j'entamerai tout de suite avec ce gouverneur la negotiation pour lever d'un corps de deux à trois mille hommes sous tel pré­texte que je trouverai dans mon imagination, et en lui disant que ce corps agira avec les troupes à ses ordres contre les allemands, ennemis déclarés des musulmans et des Fran­çais. Ce corps sera composé de Bosniens, d'Albanois, de Rasciens, de Servites, de Monte­negrins et autres peuples voisins, tous excellents soldats surtout lorsqu'ils sont bien condu­its et qu'ils trouvent à piller. Les Bâchas de Bosnie, et d'Albanie font presque toujours tout ce qu'ils veulent sans l'agrément de la Porte où ils versent toujours une bonne partie de leurs rapines pour mettre leur tête à couvert. Il ne s'agit donc que de les gagner et rien n'est plus aisé. Une fois celui de Bosnie dans mes intérêts tout est dit: mon plan aura son entière execution, et l'on doit présumer qu'il en résultera une guerre entre les turcs et les impériaux. Cet événement mettrait le comble à nos désirs, et jamais circonstance ne fut plus favorable, puisque les dernières nouvelles de ces contrées annoncent que l'on en est venu aux voyes de fait au su­jet des limites respectives.

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