Az Eszterházy Károly Tanárképző Főiskola Tudományos Közleményei. 2003. Sectio Romanica. (Acta Academiae Paedagogicae Agriensis : Nova series ; Tom. 30)
HOLLÓSI SZONJA: Littératures postcoloniales maghrébines: un imaginaire absorbé par la société multiculturelle
56 Hollósi Szonja, servant auparavant ä fonder le théme central d'une oeuvre (cf. Colonisé vs Colonisateur). En ce qui concerne la quéte toujours présente de l'identité perdue, lä — du moins d'aprés ce que nous pensons — il ne s'agit plus d'autre chose que d'un probléme qui dépasse en quelque sorté les écrivains. Pour des raisons économiques, dans les pays du Maghreb, les maisons d'éditions ne sont pas en mesure de soutenir les auteurs de langue frangaise. Et lä intervient peut-étre une raison politique, ä savoir que les mieux considérés sont les écrits en langue arabé, depuis les indépendances. En Prance, ou ailleurs, les auteurs en langue frangaise se sentent des « non-classés », des déclassés. La richesse des textes et les chiffres des ventes n'expliquent pas pour autant une quelconque crise. Comme nous avons signalé dans d'autres textes, le malaise vient des librairies et des critiques qui tiennent ä des repéres traditionnels : chez les libraires de France par exemple, nous trouvons les ouvrages des jeunes auteurs de parents maghrébins, mais de nationalité frangaise sur l'étagére des auteurs maghrébins ou simplement étrangers. Les critiques, eux — et nous peut-étre en tant que chercheurs, avons la vieille habitude de commencer les comptes-rendus par le classement des auteurs dans des catégories. Tel était le cas de Paul Small, auteur dont, dans ce mérne recueil, Róbert Varga traite selon une approche linguistique. Son essai finalement, aboutit a une révélation qui a ébranlé, au moment ou la vérité s'est fait jour, le cercle des littéraires les plus avertis. Jusqu'a nos jours done, une multitude de voix s'est fait entendre de la part des auteurs « dits » maghrébins. Aprés le surgissement des premiers chefs-d'oeuvre au moment des indépendances, un nouvel élan a été pris vers les années 1970. Nous voyons la scéne s'ouvrir et nous assistons en mérne temps ä une plus profonde théorisation des problémes ressentis auparavant trop directement. Le poéte tunisien Tatar Berry, ä part ses recueils de poémes (1983 : Le Laboureur du soleil ; 1985 : Le Chant du roi errant ) commente réguliérement les productions littéraires maghrébines de langue frangaise. L'CEil du jour (1985) d'Halé Béni, écrivaille d'origine tunisienne retravaille l'antagonisme entre tradition et modernité. Dans ce román la délocalisation des anciens repéres se fait sentir, tout comme chez les plus jeunes des écrivains tels Fouad Laroui (1996 : Les dents du topographe ; 1998 : De quel amour blessé ; 1999 : Méfiez-vous des parachutistes ; 2001 : Le Maboul ), Nina Bouraoui (1991 : La voyeuse interdite ; 1992 : Poing mort ; 1999 : Le Jour du séisme, etc.), Fadela Sebti, juriste marocaine qui fait sortir son premier roman en 2000, intitulé Moi, Mireille, lorsque j'étais Yasmina et qui relate l'histoire triste d'une épouse frangaise vivant avec son mari marocain dans le pays de ce dernier et subissant un destin tragique.