Az Eszterházy Károly Tanárképző Főiskola Tudományos Közleményei. 2003. Sectio Romanica. (Acta Academiae Paedagogicae Agriensis : Nova series ; Tom. 30)
KÖRÖMI GABRIELLA: Misogynie dans la littérature frangaise de la deuxiéme moitié du XIXe siécle
42 Körömi Gabriella qu'elles éveillent ne reside pas dans les traits extérieurs. L'ensorcellement feminin reste inexplicable, énigmatique, venant l'on ne sait pas d'oü. Le mystére de la Femme se fond souvent dans la symbolique du sphinx. Avec cette image mythologique de la sphinge on se trouve, tout comme (Edipe, devant l'énigme de l'homme. « Je tröne dans l'azur comme un sphinx incompris » 6 — dit la Beauté de Baudelaire. L 'heroine de la nouvelle de Barbey d'Aurevilly A un diner d'athées est « un sphinx qui dévorait le plaisir silencieusement ». 7 Villiers de l'Isle-Adam fait l'aveu suivant : « J'admirais cette femme aux paupiéres baissées, Sphinx cruel, mauvais réve, ancien désespoir. >> 8 Maupassant insiste volontiers sur le « sourire de sphinx » 9 qu'ont parfois les femmes. Ce visage de sphinx de la femme est tel qu'on le congoit vers 1880—90 : il refléte une beauté dangereuse et mystérieuse ä la fois. La femme apparait souvent comme un étre sursexualisé, voué ä l'amour physique et uniquement ä cela. Comme par exemple Germinie des fréres Goncourt : « Un charme aphrodisiaque sortait d'elle, qui s'attaquait et s'attachait a l'autre sexe [. . .] A cőté d'elle, on se sentait prés d'une de ces créatures tremblantes et inquiétantes, brülantes du mal d' aimer [. . .] » l ü Dans ce román, considéré comme l'une des premieres oeuvres décadentes en France, les Goncourt accentuent encore la responsabilité des hommes dans la chute de Germinie. Nana, l'hyperbolisation de la femme fatale, n'est plus la victime déplorable des hommes. Dans les débauches elle ne suit que son penchant, déterminé par une lourde hérédité. C'est elle qui assujettit tous les hommes de sa « meute ». Le pouvoir épouvantable de son sexe la détermine dés le premier moment oű elle app arait sur la scene : « Peu á peu, Nana avait pris possession du public, et maintenant chaque homme la subissait. Le rut qui montait d'elle , ainsi que d'une bete en folie, s'était épandu toujours davantage, emplissant la salle. » u Tous les misogynes de l'époque expliquent la prostitution par le penchant inné, par la nature de Messaline des femmes. Tous, ä l'exception de Maupassant qui préfére les filles aux femmes dites honnétes, car celles-la font trafique de leurs corps, mais jamais de leurs sentiments. Les périls auxquels la femme expose l'homme désignent l'un des themes récurrents de la littérature contemporaine. La femme peut menacer 6 Baudelaire : La Beauté, p. 15. 7 D'Aurevilly : A un diner d'athées, p. 267. D Villiers : Conte d'amour, p. 248. 9 Maupassant : Rose, t. I, p. 1172 et La Parure, t. I, p. 1199. 1 0 Edmond et Jules de Goncourt : Germinie Lacerteux, p. 97. 1 1 Zola : Nana, p. 1119.