Az Eszterházy Károly Tanárképző Főiskola Tudományos Közleményei. 2003. Sectio Romanica. (Acta Academiae Paedagogicae Agriensis : Nova series ; Tom. 30)

TEGYEY GABRIELLA: « Anne , scripteur des Mandarins ». Les registres de l'oeuvre beauvoirienne

« Anne, scripteur des Mandarins » Les regist.res de l'oeuvre beauvoirienne *23 ce qui pose, parmi d'autres, le probleme du temps 2 9 : « Le passé ne ressusciterait pas, l'avenir était incertain : mais le présent triomphait et il n'y avait qu'ä se laisser porter par lui, la téte vide, la bouche séche, le coeur battant » (I, 316). C'est dans cette scene que survient le premier et l'unique téte-a-téte d'Henri avec Anne, durant lequel se découvre l'intimité amicale qui les lie : [Anne] « Nous nous sommes regardés avec amitié ; c'est rare que je me sente tout ä fait ä l'aise avec Henri, il y a trop de gens entre nous » (I, 317). Voilä un des rares instants du roman, ou les protagonistes dévoilent, l'un pour l'autre, leur for intérieur : le texte premier et le récit second se fondent ainsi, le temps de quelques pages. Anne va mérne jusqu'ä s'interroger, rapidement, sur la possibilité d'entamer une liaison avec Henri : « L'intimité, la confiance de cette heure, nous aurions pu la prolonger jusqu'ä l'aube : par delä l'aube peut-étre. Mais pour mille raisons il ne fallait pas essayer. Ne fallait-il pas ? En tout cas, nous n'avons pas essayé » (I, 324). Cette interrogation revient — inversée — dans le chapitre VIII, ou Paule, en proie ä sa crise, prend Anne pour l'amante d'Henri : « [Paule] Tu sais trés bien que je sais que tu couches avec Henri. [. . .] J'ai deviné la vérité cette nuit de mai 45 ou vous avez prétendu vous étre perdus dans la foule » (II, 212). Quoi qu'il en soit, ce moment d'intimité et de fusion — accentué par le rappel de Paule — ne suffit pas pour que le couple amoureux Henri/Anne puisse étre formé. 3 0 L'examen des différents procédés d'enchainements, qui se font valoir dans Les Mandarins , et dont avons présenté quelques manifestations, attire l'attention sur deux faits fondamentaux, l'un narratif et l'autre thématique : d'une part, sur le plan structural, il se révéle que le moteur des liaisons entre les deux textes est le récit d'Anne, nécessaire pour que ces couches puissent se séparer et se retrouver. II en ressort la subtilité de la construction des douze chapitres, offrant une structure apte ä montrer « les multiples et tournoyantes significations » de l'univers dont il est question. D'autre part, se précise la portée de la répétition des thémes, ä laquelle Beauvoir attribue une si grandé importance : le roman, doté d'un caractére circulaire, dessine des retours qui vont dans tous les sens. A la fin du roman, Henri s'approprie ä nouveau les valeurs du début : l'écriture d'abord, ensuite Faction politique, quand il céde ä Dubreuilh ; parallelement ä ce processus, Anne affronte la mort, pour retrouver le goüt de vi vre. 29 ... , v Le temps est compris ici comme une unité de contenu (theme), et non certes comme un fait de structure. 30 Pour l'examen détaillé de ce dialogue entre Anne et Henri, voir l'étude de Jacqueline Lévi-Valensi, Remarques sur une séquence des Mandarins, in Roman 20/50, loc. cit., 103-109.

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