Az Eszterházy Károly Tanárképző Főiskola Tudományos Közleményei. 2003. Sectio Romanica. (Acta Academiae Paedagogicae Agriensis : Nova series ; Tom. 30)

TEGYEY GABRIELLA: « Anne , scripteur des Mandarins ». Les registres de l'oeuvre beauvoirienne

« Anne, scripteur des Mandarins » Les regist.res de l'oeuvre beauvoirienne *21 préoccupations de nature difFérente, sont en situation de crise : Henri et Anne éprouvent, tout au long du roman, des troubles d'identité qu'ils sont préts ä découvrir pour le lecteur. Le narrateur premier, en s'appuyant sur la vision d'Henri, choisit de présenter l'intimité de celui-ci ; la forme narrative qu'adopte le récit d'Anne — a priori plus subjective que le texte ä la troisiéme personne — est fort propice ä la révélation de son for intérieur. 2' Dans le récit hétérodiégétique, sont confrontées trois conceptions de la littérature, conceptions qui opposent trois personnages. Dubreuilh souligne la primauté de Taction, Volange au contraire loue la littérature « pure » ; entre les deux se trouve Henri, qui hésite a choisir entre la « sincérité » (de Taction politique) et le « mensonge » (de la fiction). Ce choix devient, au demeurant, un théme obsessionnel du récit ä la troisiéme personne — ce n'est done pas un hasard si les doutes d'Henri, ne sachant plus ni qui il est, ni ce qu'il vaut, ni ce qu'il faut faire, se répercutent du II C au XI e chapitre (moment ou il opte pour Taction) : « Je voudrais que mes lecteurs sachent qui je suis, mais je ne suis pas bien fixé moi-méme » (I, 175), avoue-t-il aprés son retour du Portugal. Aux troubles d'Henri répondent ceux qu'éprouve Anne, la recherche de la « vérité » (qu'elle soit pohtique, artistique ou individuelle) constituant ­ä des degrés divers — le principal souci de tous les personnages. Toutefois, les échos qui lient leurs destinées, ne prennent pas toujours des dimensions proprement identitaires : dans le cas du couple Paule/Anne, les similitudes s'inscrivent dans la conception que les héroines se fabriquent de l'amour. Au manque de confiance qui marque les rapports de Paule avec Henri, répond la méfiance qui empoisonne l'amour d'Anne pour Lewis. Aussi l'effort de Paule, désireuse d'éterniser son émotion, sera-t-il partagé par Anne : « Elle sanglotait, le visage caché dans les coussins, et je lui jetais des mots dépourvus de sens seulement pour entendre le ronron de ma voix. "Tu guériras, il faut guérir. L'amour n'est pas tout. . ." Sachant bien qu'a sa place je ne voudrais jamais guérir et enterrer mon amour avec mes propres mains » (II, 207), reconnait-elle, au moment ou la folie de Paule s'éclate. II n'est done pas étonnant qu'Anne manifeste, plus d'une fois, ses doutes au sujet de la guérison de son amié, d'autant qu'elle compare le sort de celle-ci au sien propre : « De quoi au juste vont-ils la guérir ? Qui sera-t-elle aprés ?[...] Elle serait comme moi, comme des millions d'autres : une femme qui attend de mourir sans plus savoir pourquoi eile vit » (II, 219—220). En effet, la vie de Paule, « guérie » de son amour, refléte un devenir possible 27 > L'objet de la vue se caractérise, dans les deux textes, par une « perception interne », forcément « limitée » dans le type actoriel. Pour les questions que la « profondeur de la perspective narrative » souléve, voir Lintvelt, op. cit., 43—44.

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