Prékopa Ágnes (szerk.): Ars Decorativa 29. (Budapest, 2013)
Hilda HORVÁTH: Le pavillon Bigot-Lavirotte. L’histoire de l’acquisition d’un objet d’art
intitulée L’Art Moderne qui s’ouvrit à Budapest au printemps 1898, au Musée des Arts Décoratifs - grâce à ses techniques innovantes en terme de fabrication d’objets décoratifs et d’éléments architecturaux en céramique. Les commentaires de l’exposition publiés dans la revue Art Décoratif Hongrois accueillirent les créations de Bigot d’un ton critique. Bien que reconnaissant leur style novateur, ils incriminèrent l’impression esthétique d’ensemble du rendu des émaux2. A cette époque, la Galerie L’Art Nouveau, de Bing, commercialisait les œuvres de Bigot. C’est ainsi que le Musée des Arts Décoratifs de Budapest put acquérir, par l’intermédiaire de cette société, un des vases3 de Bigot qui prit place aussitôt auprès d’autres objets contemporains parmi les objets d’art présentés à l’exposition permanente du musée, dans la vitrine dédiée aux objets dits « modernes4». Le ministre hongrois des Cultes et de l’Instruction publique, Gyula Wlassics, finança à hauteur de 40.000 couronnes, l’acquisition des objets d’art décoratif lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1900. Louis Delamarre-Didot, représentant officiel du Musée des Arts Décoratifs de Budapest en France, et, qu’une relation amicale de plus de quinze ans liait à Jenő Radisics, prit une part active aux négociations de prix et à la procédure d’achat de ces objets. Le fait que le Musée possédât des représentants étrangers qui l’aidèrent dans ses acquisitions confirma le rayonnement et l’influence des relations internationales dudit musée. En l’occurrence, son représentant en France, Delamarre-Didot qui était également membre du Conseil de l’Union des Arts Décoratifs en France5, joua un rôle d’une grande importance dans les tractations. Il avait été nommé représentant officiel en France du Musée des Arts Décoratifs de Budapest6 en 1885, et, avait reçu, à la même époque, la Croix de Chevalier de l’Ordre de François Joseph7pour son rôle prépondérant dans la construction des échanges bilatéraux entre les deux pays8. Grâce à l’intervention de Delamarre- Didot, le gouvernement français fit un don exceptionnel au Musée, en 1883, réitéré en 1885, en lui offrant une collection de porcelaines de Sèvres. En effet, en 1882 et en 1884, ce fut Radisics qui organisa à Paris, lors de la rétrospective de l’Union Centrale des Arts Décoratifs, la partie hongroise de l’exposition. En signe de reconnaissance9 pour la qualité des œuvres présentées, le gouvernement français offrit ce cadeau. Quelques années plus tard, Delamarre-Didot fit don également de certaines œuvres qui lui appartenaient pour enrichir les collections du musée : il avait hérité de son beau-père - le célèbre collectionneur, descendant de la famille Firmin-Didot10 - d’un service tête-à-tête en porcelaine de Sèvres11 décoré à l’effigie de personnages historiques, manufacturé sous le règne de Louis- Philippe. Lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1889, Delamarre-Didot avait déjà joué un rôle primordial dans l’acquisition des œuvres de ses contemporains. Ce fut lui qui acheta, pour le compte du musée, des œuvres françaises et anglaises de style « moderne » (céramiques et objets en verre) choisies par Jenő Radisics. Parmi celles-ci, il est important de souligner la présence de pièces d’Emile Gallé et d’Auguste Delaherche12. Lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1900, Delamarre-Didot endossa encore un rôle d’intermédiaire : ce fut de nouveau lui qui mena les négociations avec la société Bigot au sujet de la vente des céramiques. A travers la correspondance officielle répertoriée dans les Archives du Mu73