Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 23. (Budapest, 2004)
Ágnes PRÉKOPA: Pál Miklós et la culture de l'objet
parmi les différentes fonctions possibles - de nos jours la notion de fonction a été réduite, en pratique, à la fonction utilitaire -, mérite une attention particulière et témoigne d'une grande ouverture d'esprit. (Actuellement, nous pouvons découvrir la diversité des fonctions dans des travaux d'essence ethnographique et anthropologique.) Par contre, il donne un avis de beaucoup plus sévère et conservateur en ce qui concerne les limites traditionnelles du genre (du style) artistique: «cet art du textile a, de tout évidence, déjà un plasticité sculpturale». La réflexion suivante traduit de façon parfaite son scepticisme vis à vis des distinctions entre de différentes genres artistiques : « Ces jouets sont plaisants et intéressants - cependant, dans leur fonction décorative et, eu égard au contraste de leur forme et de leur matière, je crains qu'ils ne suscitent la pensée selon laquelle il n'y a pas meilleure attrape-poussière que les objets en textile. »'" -. Il poursuit ainsi : « La peinture non figurative est un recul d'un pas par rapport à l'art appliqué figuratif»: les toiles de László Mórotz «sont des coups d'essai décoratifs mais je ne sais toujours pas dans quel but. » Au sujet des œuvres plastiques d'Imre Schrammel, il avait l'opinion suivante: «En tant que composition fonctionnelle, en tant que volume décoratif - dans un environnement naturel, et même en architecture - j'accepte volontiers les œuvres plastiques non figuratives mais qui, par leur matériau ou par leur forme rappellent quand même la présence humaine. Mais dans cet objectif, imiter les caprices de la nature s'avère insensé et inutile. [...] Si [...] ces installations sont de simples "documents de l'expérimentation artistique", elles ne sont alors pas faites pour être exposées au public. »" Il ressort de ses écrits traitant de la culture de l'objet et de l'environnement tout comme dans ses réflexions sur la mission du musée, que l'éducation esthétique et visuelle, selon Pál Miklós, détient un rôle d'importance clé qui, en conclusion de ses articles, constitue un des éléments décisifs à la solution du problème dès les temps les plus anciens : «... si nous n'avons appris qu'un seul abc, celui du naturalisme au XIXème siècle, alors nous aurons beaucoup de mal à comprendre l'art du XXème siècle. » 12 La critique d'art, dans l'interprétation de Pál Miklós, est aussi de tendance didactique : «... c'est cela, que la critique d'art doit essayer d'entreprendre : donner les clés de l'œuvre. » 13 Ses articles qui résument et systématisent la culture de l'objet, sont, aujourd'hui encore, des points de départ importants utiles à tous ceux qui veulent entreprendre des recherches sur des objets à partir d'un système de points de vue complexe. (Un des risques de décalage d'accent qui menace l'histoire des arts décoratifs est, en réalité, la description limitée à celle de la technique. L'autre point négatif résulte dans le fait que la recherche philologique n'avance que dans le sens où l'histoire de l'art joue un rôle appliqué et subordonné en tant que science auxiliaire servant de documentation spécifique - ou si l'on veut, de «source objectale» à l'histoire de l'histoire de l'art. Nombreux sont les objets qui n'ont d'intérêt que par leur importance historique et culturelle ; ce qui, de ce fait, définie, par principe, la méthode de recherche de l'oeuvre concrète. L'approche historique et culturelle part du fait qu'elle offre des informations complémentaires précieuses sur le commanditaire, le donateur, le propriétaire de cet objet en question, voire même - comme il s'impose - sur la vie de son fabricant, et par conséquent sur l'époque et le lieu de sa naissance. Dans ce cas, la qualité et la valeur esthétique de l'objet, c'est à dire sa matière et sa réalisation ne sont que des instruments de la représentation, et les références iconographiques des œuvres élaborées pour des occasions exceptionnelles n'ont qu'un rôle de valorisation. Ainsi le rôle des paramètres cités ci-dessus et déterminant la valeur réelle, est proportionné à celui de l'objet comme l'importance l'est au document. Le décalage de l'accent porté, la partialité de l'examen peut conduire à ce que le point de départ initial de l'objet devienne d'une importance mineure : ce ne sera déjà plus véritablement important si l'oeuvre d'art mentionnée à la source est analogue ou non à l'objet concret examiné, plus encore, dans un cas extrême, personne ne