Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 22. (Budapest, 2003)
András SZILÁGYI: Deux médailles commémoratives des années vingt du 19eme siecle. Remarques sur les compositions exécutées par Jean-Jacques Barre d'apres les esquisses de Louis Lafitte
d'armes éclatants et héroïques de la Gaule victorieuse (Gallia victrix). Nous ne nous trompons guère si nous estimons que ceux qui partageaient cette opinion étaient en fait ceux qui portaient une attention particulière à la parution de l'ouvrage et qui souscrivirent à sa réédition de 1825. Nous pouvons être sûrs que la majeure partie de ce cercle de souscripteurs se composait de citoyens français aux tendances patriotiques. Cependant, force est de constater qu'on trouvait également des étrangers parmi ces «souscripteurs sympathisants». On y rencontrait même certains aristocrates hongrois francophones appartenant à ce cercle varié et haut en couleurs. Qui étaientils exactement, ces hongrois? Combien pouvaient-ils être? Aujourd'hui, on n'en a pas la moindre idée. Toutefois, parmi eux, en figure un, pouvant être nommé de son nom et que nous savons de source sûre avoir fait partie de ce cercle. Quelqu'un que les phrases pleines d'enthousiasmes de la préface du volume avaient particulièrement touché et qui avait alors réagit aussitôt à l'appel de ChampollionFigeac. Quelqu'un, aussi, qui jugeait important de participer aux frais de la réédition de l'ouvrage et qui n'avait pas non plus oublié de mentionner ses noms et titres à l'éditeur. Mais au fait, de qui s'agit-il exactement? La réponse à cette question nous est directement donnée par la médaille commemorative elle-même, c'est à dire par l'exemplaire de la Médaille Egyptienne dont l'illustration est présentée et reproduite cidessous (fig. 3-6). Cet exemplaire qui devint, au début des années 1840, selon les dernières volontés de son propriétaire d'origine — avec d'ailleurs bon nombre d'autres objets d'art - la propriété du Musée National Hongrois et qui, de nos jours encore, fait toujours partie des Collections de Médailles dudit musée 6 . Sur le revers de la médaille grand format en bronze doré, on distingue le nom suivant: «S(on). A(ltesse). LE PRINCE A(ntoine). GRASSALKOVICH DE GYÁRAK, CHAMBELLAN ETC» L'inscription indique donc le nom du prince Antoine III Grassalkovich (1771-1841 ) 7 (fig. 7). Le tracé de l'esquisse de la médaille présentée ci-dessus est l'œuvre de Louis Lafitte, maître en vogue à l'époque et très demandé. La composition, elle, a été exécutée par l'excellent graveur de renom, JJ. Barre. C'est dans ce même esprit d'étroite collaboration des deux maîtres que fut également conçue une autre médaille commemorative - plus précisément, le revers de la médaille - à forte valeur documentaire et de plus haute importance dans l'histoire de la diplomatie sous le règne des derniers Bourbon. Il s'agit d'une œuvre de qualité exceptionnelle connue sous le nom de Médaille du Sacre de Charles X dans la littérature spécialisée en numismatique (fig. 8 et 9). Notons que la dénomination courante n'est pas tout à fait juste; cette pièce n'appartenant pas à la série de médailles exécutées à l'occasion du couronnement - celles-ci avaient d'ailleurs été émises à l'avance, c'est à dire juste avant l'événement - étant donné qu'elle ne fut parachevée que l'année suivante, en 1826. En conséquence, elle fait allusion à posteriori et de façon catégorique - comme nous allons le voir - de manière tendancieuse à un événement qui, aux yeux de ses contemporains, revêtait sans nul doute une importance historique. Le 29 mai 1825, en la cathédrale de Reims, fut sacré, dans le cadre d'une cérémonie grandiose, l'archiduc Charles de Bourbon (comte d'Artois), frère cadet de Louis XVIII, souverain précédant, décédé six mois auparavant. La cérémonie qui faisait revivre dans les apparences et ce, dans le moindre détail, les traditions médiévales, était porteuse d'un message et symbolisait certaines valeurs. Elle était habilitée à démontrer, à la fois, l'idée d'une monarchie constitutionnelle et le respect et l'observation de traditions nationales ancestrales. L'opinion publique française de l'époque s'avérait être, dans sa majorité, particulièrement réceptive à ce genre de chose, voire même les approuvait avec un enthousiasme non dissimulé. De même, bon nombre de figures proéminentes de la littérature française, du jeune Victor Hugo à Alphonse de Lamartine et Chateaubriand, affectèrent une position similaire