Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 17. (Budapest, 1998)

Lőrinc VAJDA: Une tapisserie française du XVIe siecle. Le personnage du roi Salomon de l'Ancien Testament en tant que „modele" d'un cryptoportrait d'Antoine de Bourbon, roi de Navarre

est cependant réellement marqué en 1535 par l'édition d'une traduction intégrale de la Bible réalisée par Pierre Robert Olivétan; cette édition servira de base pour la plupart des traductions françaises de la Bible pendant longtemps. Olivétan naquit autour de 1500 à Noyon, en Picardie, et mourut en 1538 à Ferrare. Il rejoint les rangs de la Réforme un peu avant son cousin Calvin, raison pour laquelle il se voit obligé de mir la France et de se réfugier d'abord à Strasbourg (1528), puis dans le Piémont, et finalement dans les vallées vaudoises (1532-1535). C'est là qu'il prend part au synode protestant de Chanforan, sur la commande duquel il réalise ensuite une traduction complète de la Bible qui sera publiée en 1535 à Neuchâtel dans l'atelier de Pierre de Wingle. 6 La qualité principale de sa traduction réside, à côté du sérieux travail de préparation philologique, dans le fait qu'il se base sur les textes bibliques originaux écrits en hébreu (pour l'Ancien Testament) et grec (pour le Nouveau Testament) et établit ainsi les bases de la pratique de traduction biblique moderne. Cependant, malgré toute l'avance théorique dont il fait preuve, sa traduction est immédiatement rendue caduque par les changements linguistiques qui s'effectuent justement à cette époque, ce qui nécessite une nouvelle édition corrigée (qu'il termine encore lui-même en 1538). Des versions revues et corrigées sont publiées ensuite presque chaque année, signées entre autres par Calvin, Théodore de Bèze, Louis Budc ou Robert Estienne. Cette dernière sert de base à pratiquement toutes les Bibles françaises éditées à Genève jusqu'à la fin du XVI e siècle, et garde, malgré certains changements, un caractère déterminant durant les deux siècles suivants. Il n'est donc pas exagéré de prétendre que la traduction de la Bible d'Olivétan exerce une influence indirecte jusqu'au milieu du XIX e siècle; son importance au XVI e siècle est donc indéniable. Voici donc les versets VII, 2, et VII, 11 du Cantique des cantiques dans l'édition de 1535 (ou plus exactement les vers cor­respondant à ceux-ci, puisque cette édition n'applique pas encore la numérotation des chapitres et des versets devenue générale par la suite): O fille de prince / combien sont beaux tes pas en chaussures et: Je suis a mon bien ayme / et sur moy est le plaisir d'iceluy. Il est donc clair que la source de la citation figurant sur la banderole est celle de la traduction de Pierre Robert Olivétan, ou éventuellement - ce qui est théo­riquement possible - une variante corrigée publiée peu de temps plus tard dans la­quelle ces deux versets furent gardés intacts (La Bible de Théodore de Bèze n'appartient pas aux éditions à examiner, puisqu'elle donne un texte très différent de celui cité plus haut; il nous fut malheureusement impossible d'étudier de près les autres édi­tions qui entrent en compte). Il ne nous semble pas inutile d'exécuter une comparaison détaillée du texte de la source avec celui de la tapisserie, partielle­ment pour éclaircir les points probléma­tiques, les fautes et les erreurs qui existent dans ce dernier et en rendent la lecture difficile, mais partiellement aussi parce que l'ensemble des ressemblances et des différences qui s'y trouvent mettent en évidence un mode de traitement de texte assez singulier. Le seul écart important par rapport au texte original qui influence aussi la structure syntaxique de la phrase se trouve à la fin de la banderole: l'expression plaisir d'iceluy de l'original est remplacée par son plaisir (le pronom démonstratif iceluy introduit par la préposition de est remplacé par le simple déterminant possessif son). Cette modification est cependant purement grammaticale, et n'influence aucunement le contenu du

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