Imre Jakabffy (szerk.): Ars Decorativa 2. (Budapest, 1974)

VERLET, Pierre: Alambic, cassolette ou brule-parfum

PIERRE VERLET ALAMBIC, CASSOLETTE OU BRÛLE-PARFUM Je n'avais pas visité le Musée des Arts Décoratifs de Budapest depuis 1935. Qu'on me permette d'exprimer au début de cette note mon émerveillement et ma gratitude pour ce que je viens d'y rencontrer: cordialité de l'accueil à l'égard des collègues étrangers venus pour célébrer le centenaire du musée, qualité de l'exposition préparée à cette occasion, progrès considérables accomplis tant dans la présentation que dans l'enrichissement des collections, ardeur et enthousiasme du personnel scientifique qui, bien spécialisé mais sans excès, s'applique avec méthode à mieux connaître et publier un fonds qui s'étend et où l'art français depuis le moyen âge jusqu'au XX

ème siècle occupe une belle place. Parmi tout ce qui m'attira, un objet m'intrigua particulièrement, et je remercie le Dr. Dénes Radocsay de m'avoir ouvert les pages de ce bulletin pour m'aider à rechercher l'origine et la destination de cette curieuse et jolie pièce. La notice donnée au catalogue de l'exposition

1 et la reproduction présentée ici-même (fig. 1.) dispenseront d'une description détaillée. On insistera cependant sur quelques points. Alliance du bronze et de la porcelaine, c'est-à-dire vraisemblablement une oeuvre de mercier parisien du XVIII

e siècle. Figurine assise, un ,,magot" comme on disait alors, qui semble bien être de porcelaine blanche rehaussée d'une polychromie peinte et de dorure, porcelaine de Chine probablement — de plus qualifiés que moi le diront — ,,l'artifice" ou, si l'on préfère, le plagiat de la Chine ou de la Saxe à l'aide de couleurs ajoutées n'apparaissant pas vulgaire à Paris dans le temps où Vincennes en était à ses premiers biscuits, émaillés ou non, et où presque seule en France la manufacture du prince de Condé à Chantilly était susceptible de livrer des statuettes colorées et émaillées. presque jamais rehaussées d'or. Casque de feuillage, qui ajoute à la fantaisie du personnage et qui est en bronze doré, comme le socle en terrasse simulant escalier et balustrade, et comme le sont aussi les branchages mouvementés que terminent quelques fleurettes blanches de porcelaine tendre de Vincennes ou de Saint-Cloud. Vase en forme de fruit, de poire ou, selon un mot dont on verra plus loin l'utilité, de courge; ce vase est muni de deux petits tuyaux d'évacuation, l'un sur sa panse, l'autre sur son couvercle, que surmontent, portrées sur des tiges, trois fleurs, elles-mêmes repercées de trous. Ce vase, de même que les tuyaux, le couvercle et les fleurs, est en argent; il 107