Imre Jakabffy (szerk.): Ars Decorativa 2. (Budapest, 1974)

VERLET, Pierre: Alambic, cassolette ou brule-parfum

porte des poinçons qui sont difficiles à lire (fig. 2.), où apparaît cependant un A cou­ronné, de dessin identique à celui du poin­çon de ferme parisien en usage de 1744 à 1750. et un poinçon de maison-commune à la lettre écrasée et déformée, un K peut­être, ce qui nous situerait en 1750—1751; un examen plus approfondi que celui auquel j'ai eu le temps de me livrer et que je confie bien volontiers à mes collègues hongrois, permettra d'apporter des pré­cisions sur ces poinçons, le dire si le poinçon de décharge est une tête de saumon (1744—1750) ou une tête de poule (1750— 1756) et si n'apparaît pas un poinçon de maître-orfèvre. Bronze doré d'or moulu, porcelaine adaptée et travestie pour offrir plus d'éclat, caprice échevelé, vase d'argent aménagé pour laisser échapper des vapeurs odorantes, style et poinçons, tous ces caractères in­diquent l'art parisien du milieu du XVIII e siècle. On se tourne alors tout naturellement vers le livre de comptes, qui a été publié jadis par Courajod, de l'un des plus fa­meux merciers de ce temps, le Livre-journal de Lazare Duvaux. Ce livre commence au mois de septembre 1748; quoique l'on n'y trouve pas mention certaine de l'objet de Budapest (qui a pu tout aussi bien être livré par un autre mercier que Duvaux et dont les poinçons devraient, après étude minutieuse, révéler la date exacte), on y rencontre plusieurs indications qui, par voie de rapprochement aident singulièrement à une identification; on me permettra de transcrire ici quatre d'entre elles, qui s'échelonnent entre 1750 et 1757: 13 novembre 1750. ..Mme la Duchesse de Rohan, douairière . . . Avoir fait resaucer les bronzes d'un alambic, fait redresser la lampe d'argent et remettre aussi à neuf". 26 janvier 1751. „Mme la Marq. de Pompadour . . . Une cassolette, vase et lampe d'argent, la terrasse dorée d'or moulu, avec un morceau de porcelaine an­cienne, 210 1." 22 octobre 1757. „Mgr. le Prince de Francavilla. Une cassolette composée d'une figure de Saxe et d'un chien, le vase et réchaud en argent. 168 1." 31 décembre 1757. ,,M. de La Reynière, un alambic d'argent composé de petites figures de Saxe, orné de bronze doré d'or moulu, de petites fleurs de Vincennes. et le réchaud aussi d'argent, 156 l." 2 Des deux termes qui viennet d'être cités, alambic et cassolette, quelle fut l'application au milieu du XVIII e siècle? L'Encyclopédie de Diderot et d'Alemberr 3 décrit ainsi l'alambic: ,,un vaisseau qui sert à distiller, et qui consiste en un matras ou une curcubite (sic) garnie d'un chapiteau presque rond, lequel est terminé par un tuyau oblique par où passent les vapeurs condensées"; la fin de cette description concerne le récipient, destiné à la distilla­tion. On pourra aussi se reporter dans la même Encyclopédie au mot cucurbite /' ,,la cucurbite ou la courge est un vaisseau chimique faisant partie de l'alambic" ; le même article ajoute que cette courge peut être ,,de cuivre étamé, d'étain, de cuivre, et de terre", sans toutefois citer l'argent, mais il s'agit là de distillation proprement dite et de chimie. Le mot cassolette, d'autre part, nous ramène, par l'un de ses sens, à l'objet particulier qui nous intéresse: ,,une espèce de réchaud sur lequel on fait brûler des parfums". 5 Si l'on désire une représentation que l'on confronterait avec la courge d'argent munie d'un couvercle et de tuyaux que l'on voit à Budapest, on se reportera également aux planches de V Encyclopédie}'' La confusion entre les deux mots, alambic et cassolette, apparaît dans ces mêmes années si constante que l'on peut, en recourant à nouveau au Livre-journal de Duvaux, citer un autre exemple d'un 108

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