Századok – 1988
Tanulmányok - Kubinyi András: Bárók a királyi tanácsban Mátyás és II. Ulászló idején 147/I–III
214 KUBINYI ANDRÁS András Kubinyi BARONS AU CONSEIL ROYAL SOUS LES RÈGNES DE MATHIAS Ier ET D'ULÁSZLÓ II (Résumé) Une des institutions les plus importantes du royaume de Hongrie du Moyen Age fut le Conseil royal, que le roi non seulement consultait dans les affaires d'importance, mais devait aussi obtenir son consentement dans certains cas. Malheureusement, aucune monographie n' été consacrée jusqu'à présent à l'étude de ce Conseil. Avec ses dénominations latines (consilium, consistorium, senatus), on employait concurremment l'expression praelati et barones, qui renvoie évidemment à sa composition. П s'ensuit donc que ses membres se recrutaient dans le haut clergé (les archeveques, les évêques, le prévôt du chapitre collégial de Székesfehérvár et le prieur de Vrana, provincial des johannites) d'une part, et parmi les barons, de l'autre. Le mot „baron" pose d'ailleurs des problèmes. V siégeaient au premier chef les dignitaires nommés veri regni Hungáriáé barones c'est-à-dire les grands magistrats avec le palatin a leur tête, les principaux dignitaires de la Cour, aussi bien que les gouverneurs de province, dont par exemple le voivode de Transylvanie et le ban de Slavonie. Une autre couche de barons appelés tantôt Barones naturales, tantôt barones solo nominae, parfois fîlii baronum mais le plus souvent magnates, comprenait les plus grands propriétaires terriens du pays, dont l'écrasante majorité descendaient de titulaires de dignités baronniales. Auparavant, le Conseil royal comprenait essentiellement des barons en exercice, et un certain nombre d'anciens titulaires. L'étude d'András Kubinyi est basée sur des documents datant des règnes de Mathias Ier (1458-1490) et d'Ulászló II (1490-1516), qui énumèrent les noms de ceux qui participaient aux séances. Ces données permettent de conclure à la composition du Conseil. On constate que deux Conseils royaux foncitonnaient pendant le période en question. Un Conseil étroit était réuni pour les affaires courantes, tandis que le roi consultait le Conseil complet chaque fois qu'il estimait nécessaire de solliciter l'avis ou le consentement de tous ses membres. Avant la réunion de chaque Diète, il était cependant obligé de convoquer le Conseil complet, qui devait formuler les propositions du roi. Il semble que le Conseil étroit peut être considéré, du moins en principe, comme un organe exécutif créé au sein du conseil complet. La composition de ces deux corps n'était pas tout à fait identique. Les barons du Conseil étroit comprenaient essentiellement des dignitaires en exercice et d'anciens dignitaires, c'est-à-dire des veri barones, tandis que la proportion des magnats n'ayant pas encore occupé de charge était minime (6.6 p. 100 sous Mathias Ier , 12,1 p. 100 sous Ulászló II). Le nombre des membres siégeants n'était pas très élevé: 7 en moyenne dans la première moitié (jusqu'en 1471), 4,5 dans la seconde moitié du règne de Mathias Ier , et 4,4 sous Ulászló II. (Nous n'avons pas compté les prélats.) Or la proportion des grands seigneurs n'ayant pas encore exercé de charge était beaucoup plus élevée dans le Conseil complet: 36,1 p. 100 sous Mathias Ier ,37,6 p. 100 sous Ulászló II. Cela revient à dire qu'à côté de quelques grands propriétaires terriens très puissants, les rois faisaient appel aux dignitaires en exercice pour composer le Conseil étroit „exécutif', alors que le Conseil complet devenait une assemblée de magnats dont l'accord était nécessaire à l'exécution de la volonté royale. Il est vrai que la grande majorité des magnats y étaient toujours absents: le nombre des participants du Conseil complet n'était guère supérieur à 30. On voit donc que les rois confiaient les places réservées aux barons du Conseil étroit à des personnalités titulaires de dignités. L'accès aux dignités comportait donc d'importantes conséquences politiques. Sous Mathias Ier , 68 p. 100 des membres du Conseil étroit descendaient de titulaires de dignités baronniales entre 1387 et 1457, c'est-à-dire de magnats de vieille souche, tandis que la proportion des homo novus promus par le roi n'était que 32 p. 100. Curieusement, la vieille aristocratie gardait sa prépondérance aussi sous Ulászló II en se réservant 50 p. 100 des places, à côté de 18,8 p. 100 de barons „légués" par l'époque de Mathias Ier et 31,2 p. 100 d'homo novus choisis par le nouveau roi. Cela revient à dire que les rois ne pouvaient pas se passer de la vieille aristocratie. Il convient d'ajouter que les descendants de vieilles familles de magnats siégeaient beaucoup plus