Századok – 1981

TANULMÁNYOK - Szűcs Jenő: Megosztott parasztság - egységesülő jobbágyság. A paraszti társadalom átalakulása a 13. században. (II. rész.) 263/II

318 SZŰCS JENŐ leur personne (iobagiones). Dans une grande propriété transdanubienne analysée (1263-1273), le demesne ne constituait que 4-5 %, les servi casati 12-16 % et le reste (populi) comprenait des paysans possédant des exploitations indépendantes, et même y apparurent les colons libres privilégiés (hospites), couche que l'on ne trouve avant 1241 que presque exclusivement sur les domaines royaux. La structure conservatrice s'est maintenue jusqu'au XIVe siècle dans les domaines de la petite noblesse. Cette transformation se reflète dans l'expansion après 1250 de l'exploitation paysanne des tenures' au manse paysan (mansio, curia, fundum, plus tard sessio) appartenaient comme dépendances (pertinen­tia) des terres arables (dans des terres labourées depuis longtemps 20-30 acres, dans de régions nouvellement colonisées 50-60 acres), des prairies de fauche, ainsi que une part du terroir exploité en commun (pâturages, forêts, eaux), dont les dimensions variaient selon les régions. Les prestations au seigneur n'étaient plus à la charge de la maisonnée, mais du manse que le paysan était en général libre d'abandonner, de passer à des nouveaux-venus. Dans le dernier tiers du XIIIe siècle, en Transdanubie même les terres "vides" étaient enregistrées selon le système des manses (par exmple: 1273: terra illa est sufficiens ad 32 mansus, ad quemlibet mansum 20 iugeribus terra arabilis pertinentibus). Dans les régions orientales du pays ce système se répandit aux environs de 1320-1330. Le deuxième chapitre (Héritage social et juridique. Paysannerie divisée.) est consacré à la stratification de la population paysanne avant la transformation des structures. Vers le milieu du XIIIe siècle la proportion de ceux en état servile (servi, mancipia) fut réduite à 7-32% dans les systèmes domaniaux royaux et ecclésiastiques plus évolués, mais dans des domaines privés civiles, moins importants, elle était toujours près de 80 %, et en moyenne nationale elle peut être estimée comme constituant presque la moitié de la population paysanne. La proportion des éléments "libres" par contre (liberi, iobagiones, hospites) est restée bien en-dessous de 10 %. Entre ces deux, les libertini, conditionari étaient qualifiés tantôt "d'état servile" (servilis conditionis), tantôt "de liberté réduite" (minons libertatis). Dans les conceptions juridiques de l'époque deux pôles extrêmes figuraient. Le principal critère de la liberté "complète" des paysans (plena, omnino, absoluta, perpetua libertás) était le droit de quitter le seigneur domanial, tandis que la servitude "perpétuelle" (perpetua servitas) signifiait la qualité identique à celle d'un objet de valeur. L'état juridique de "conditionnel" (con­ditionarii) comportait déjà une minime capacité juridique, la fixation des conditions de prestations (conditiones), ce qui ne touchait cependant pas d'être "à perpétuité" attaché à la glèbe (par exemple 1270: eidem terre adstricti et in perpetuum deputati). Cette strate, qui constituait par exemple plus de 40 % des domaines des monastères, était désignée, conformément à la mode eurpéenne de l'époque, avec le terme d'origine antique glebae adstricti, originarii. En réalité, ce schéma triparti se divisait évidemment en nombreuses strates socio-juridiques mineures que cette division, les conflits d'intérêts, dressaient les unes contre les autres. Même dans un système domanial identique les groupes paysans relevant de différents „ordres conditionnels" (con­ditionis ordo) se combattirent. Le Regestrum Varadiense datant des années 1210-1230 contient d'abondantes informations qui mettent en lumière cette monstrueuse lutte de statut où les paysans étaient adversaires entre eux. Ceux d'un état inférieur (inferior gradus) cherchaient à astreindre les paysans au statut plus avantageux à descendre dans leurs rangs, à les dégrader pour devenir leurs compagnons contribuables (contribulis). La séparation de ceux, appartenant à différents "Ordres" paysans, se manifestait aussi dans la ségrégation des habitats. Dans ces conditions-là, des actions communes de paysans, des mouvements paysans ne pouvaient avoir lieu que dans des cas exception­nels. Dans l'étude on trouve une analyse détaillée de l'exception le mieux connue, des mouvements populaires dans l'abbaye de Pannonhalma (1226-1241). Ces mouvements aboutirent à une réduction modérée des charges, mais pour le moment ne touchèrent guère la stratification intérieure, selon "les Ordres", des sujets de l'abbaye. Les revendications mêmes se divisaient selon les multiples conditionis ordo, et la couche servile (veri servi) resta en marge du mouvement, vivant en marge de la sphère du "droit", de la société paysanne "conditionalis". Seule dans la région la plus évoluée de cette organisation domaniale, dans la "terre Sala" aux confins des comitats Pozsony et Nyitra - où d'ailleurs dès 1220/30 on peut tenir compte de la formation du manse des serfs - s'écroulèrent les barrières intérieures entre les "Ordres"; la population des terres (populi de terra Sala) imposèrent à l'abbaye des prestations unifiées et des contrats écrits pour les garantir (conventio), et ce à la veille de l'invasion mongole (1241).

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