Századok – 1981
TANULMÁNYOK - Szűcs Jenő: Megosztott parasztság - egységesülő jobbágyság. A paraszti társadalom átalakulása a 13. században. (II. rész.) 263/II
EGYSÉGESÜLŐ JOBBÁGYSÁG A 13. SZÁZADBAN 317 Jenő SZŰCS PAYSANNERIE DIVISÉE -INTÉGRATION DE LA CLASSE DES SERFS. MUTATION DE LA COLLECTIVITÉ PAYSANNE AU XIIIe SIÈCLE. (RÉSUMÉ) Dans cette étude l'auteur traite la transformation au XIIIe siècle des structures de la collectivité paysanne en Hongrie, l'aspect sociohistorique de la "révolution agraire" survenue, par rapport à l'Europe Occidentale, avec du retard, entre 1200 et 1350, mais avec la vitesse d'une explosion. Dans le premier chapitre (Transformation de la structure de l'exploitation agricole. Formation de la tenure servile) sont analysés la décomposition de l'exploitation (demesne) fonctionnant, au temps du féodalisme précoce, avec les charrues du seigneur domanial et avec la main d'oeuvre servile, les décalages dans les proportions de l'exploitation agricole, faits servant de point de départ à ce que, dans la seconde moitié du XIIIe siècle, l'exploitation paysanne indépendante, fournissant une rente, devienne la forma dominante des exploitations. Avant le XIIIe siècle on distingue en Hongrie cinq types d'exploitation auxquels correspondent, de point de vue juridique et social, cinq couches de la population agraire. Un des typrs extrêmes est représenté par le demesne: c'étaient de petites exploitations seigneuriales, labourées par 2-4 charrues avec attelage bovin où 2-3 familles serviles (mansiones servorum, mancipiorum) étaient affectées à un attelage de charrue (aratra bovum). Dans le latin d'usage en Hongrie elles étaient en général désignées sous le nom de predium. \ l'autre pôle se trouvaient les ci-devant libres forcés à se soumettre à la protection (sub protectione) du seigneur domanial et qui devaient à leur seigneur des prestations (débita et servitia). Dans la plupart des cas ceux-ci étaient nommés des liberi, parfois des liberi iobagiones. Entre ces deux pôles, des types à part sont représentés par les serfs auxquels de la terre et des instruments de travail furent concédés (servi in domibus, correspondant aux servi casati en Europe Occidentale), et aussi, dans les propriétés privées de laïcs, les libertini jouissant de menus droits, d'une indépendance économique dépassant celle des précédents, mais considérés toujours comme éléments "de caractère servil" (servillis), ainsi que ceux qui leur correspondaient dans les grandes propriétés royales et ecclésiastiques et dont la dénomination d'ensemble était, à partir du début du XIIIe siècle, conditionales (conditionarii). Après avoir exposé la situation de ces différentes strates, l'auteur essaie de donner un tableau statistique des changements dans la structure des exploitations, en se servant de modèles pouvant être dépouillés chiffres à l'appui, ou l'on peut établir avec fiabilité les proportions numériques intérieures des gens soumis au seigneur domanial. Au XIe siècle, la structure des grands domaines monastiques était déterminée à 43-78 % par le demesne, ce pourcentage étant réduit à 15 % au début du XIIIe siècle (par exemple Tihany, 1211), et à 6 % au milieu du XIIIe (par exemple Pannonhalma, 1240). Selon certaines indications une proportion analogue devait caractériser les domaines royaux dès le XIIe siècle. La structure des propriétés privées civiles était par contre plus conservatrice. Dans les cas étudiés (1141/46, 1153, 1217, 1221) la proportion des demesne était entre 40-60%. C'est après 1200 qu'un tournant commence à se faire sentir dans les grands domaines civils, et alors le changement est fort radical précisément dans les plus grands domaines. La proportion des serfs se réduit à 10-15 %, les libertini constituent souvent la majorité, et même la proportion des couches paysannes plus libres (liberi iobagiones) est déjà considérable. Mais à la fois, vers l'invasion des Mongols (1241) se raidit la structure des grands domaines "institutionnels" (royaume, Église), organisés anciennement; la majorité de la population y est toujours constituée par les conditionari. Dans les régions occidentales du pays, surtout dans les grands domaines civils, dès avant 1241 apparaissent les manses paysans (mansio que lehen dicitur). Dans les décennies suivant l'invasion mongole, dans la seconde moitié du XIIIe siècle, le besoin de colons provoqué par l'extermination de la population, la fuite en masse des éléments à statut servil et la multiplication des domaines civils provoquèrent un bond dans l'évolution des processus engagés. Dans les grands domaines le demesne (predium) se réduiut à des proportions insignifiantes et l'exploitation était centrée sur la masse des paysans disposant d'une exploitation propre et libres en