Habersack, Sabine - Puşcaş, Vasile - Ciubotă, Viorel (szerk.): Democraţia in Europa centrală şi de Sud-Est - Aspiraţie şi realitate (Secolele XIX-XX) (Satu Mare, 2001)

Matei Cazacu: La tentation autoritaire D'alexandre I. Cuza (1863-1865) et la dérive totalitaire de Calor II (1938-1940). Une possible filiation idéologique?

Et Manoilescu de plaider pour l'industrialisation forcée de la Roumanie avec, comme corrolaire, la "roumanisation" de l'économie, l'essor d'une véritable bourgeoisie d'entrepreneurs et, enfin, une réforme du système politique dans le sens du corporatisme, de la direction du pays par les industriels et les artisans, et non plus par les hommes politiques traditionnels, notamment les avocats, surreprésentés au parlement avant 1938. Pour réaliser cette véritable révolution industrielle et sociale, il fallait l'intervention massive de l'Etat, le principal client de l'industrie.25 Carol II a compris ce message et s'est efforcé de soutenir l'essor d'une industrie nationale axée sur les grandes entreprises des capitalistes comme Nicolas Malaxa, Max Ausschnitt et Ion Gigurtu, entreprises dont il détenait de forts paquets d'actions.26 Ce faisant, le roi entrait en conflit avec la bourgeoisie libérale et national­­paysanne, liée à la finance, à l'agriculture et à l'industrie extractive et légère. Les deux dernières années de son règne ont signifié la mise en pratique de cette politique contre les partis traditionnels. Finalement, le roi a perdu son pari à cause de la conjoncture internationale - expansion de l'Allemagne, pacte germano-soviétique de 1939, début de la Seconde Guerre mondiale, perte de la Bessarabie, de la Bucovine du Nord et de la Transylvanie du Nord en 1940. Ces échecs, dûs à la position géopolitique de la Roumanie plutôt qu'à son système politique, lui ont coûté le trône. Cependant, si l’on regarde la carte de l'Europe entre 1938 et 1941, on voit que l'Allemagne, l'URSS et l'Italie ont occupé aussi bien des républiques parlementaires (France, Tchécoslovaquie, Autriche, pays baltes et Finlande), que des monarchies parlementaires (les pays du Bénélux, le Danemark, la Norvège et la Grèce), et des régimes autoritaires (Pologne, Yougoslavie, Albanie). Ce n'est donc pas la politique de Carol II qui est responsable de la débâcle de 1940, mais la conjoncture internationale et la La tentation autoritaire d'Alexandre I. Cuza 25 Cf. H. L. Roberts, Romania. Political problems of an agrarian state. New Haven, Londres, 1951, p. 193-222. 26 N. Caranfil, Progresele industrializării noastre. în Revista Fundaţiilor regale, VII/6 (1940), p. 667-675 ; Enciclopedia României. III et IV (Economia naţională) ; H. L. Roberts, op. cit. ; I.Puia, Le développement de l'industrie roumaine dans les années qui ont précédé la Seconde Guerre mondiale, in Revue roumaine d'histoire, X (1971), p. 483-504 ; M. F. Iovanelli, Industria românească 1934-1938. Bucarest, 1975. Pour le cadre politique de la période voir Al. G. Savu, Dictatura regală (1938- 19401 Bucarest, 1970 ; M. Muşat, I. Ardeleanu, op. cit.. II/2, p. 787-1338 ; I. Scurtu, Contribuţii privind viata politică din România. Evoluţia formei de guvernământ în istoria modernă si contemporană. Bucarest, 1988, p. 428-514. 67

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