Drăgan, Ioan (szerk.): Mediaevalia Transilvanica 2000 (4. évfolyam, 1-2. szám)
Cruciada Târzie
62 Emmanuel C. Antoche Sacré à Rome en mai 1433 Empereur germanique, Sigismond de Luxembourg maria sa fille unique Elisabeth avec Albert V de Habsbourg duc de la Basse-Autriche (branche Albertine) qui lui succéda au pouvoir à partir de 1438, non seulement sur le trône impérial mais aussi en Hongrie, ouvrant ainsi la voie sur laquelle se fondèrent en partie les candidatures ultérieures des princes appartenant à cette maison prestigieuse129. La disparition subite et prématurée d'Albert en octobre 1439 provoqua une crise dynastique sans précédent dans le royaume de saint Etienne car quelques mois plus tard, Elisabeth de Luxembourg mit au monde un garçon connu dans l’histoire sous le nom de Ladislas V le Posthume qui va régner en Hongrie entre 1452 et 1457. Cependant, le royaume aurait eu besoin d’un monarque capable de gouverner, en âge d’assumer les hautes responsabilités dont il serait investi parmi lesquelles notamment, la défense des frontières face au danger ottoman. Une partie de la noblesse (les Héderváry, les Tallôczi (de Talovac), les Marczali, l’évêque d’Eger Simion Rozgonyi, Jean Hunyadi etc.) soutint donc l’union avec la Pologne et le couronnement de Vladislav III Jagellón à la place du petit Ladislas. Après une guerre civile qui se prolongea jusqu’en 1442, le roi polonais l’emporta finalement face aux partisans d’Elisabeth qui dut se réfugier avec son fils auprès de l’empereur Frédéric III de Habsbourg (1440-1493) en emmenant avec eux la couronne de saint Etienne en contravention avec toutes les lois fondamentales du royaume130 131. A partir de 1441 Vladislav Jagellón tint promesse et consacra ses efforts à la lutte contre les Turcs. Entouré par la noblesse qui l’avait amené au pouvoir dans ce nouveau pays, confronté à d’innombrables responsabilités politiques et militaires - il était d’ailleurs le fer de lance de la croisade anti-ottomane préparée par le pape Eugène IV - le roi dut négliger en partie les affaires polonaises1’1. En même temps, il faut souligner que les intérêts géopolitiques et diplomatiques de la Pologne ne correspondaient pas à ceux du voisin hongrois. Les frontières de l’Etat n’étaient pas directement menacées par les Ottomans, tandis que les principaux ennemis demeuraient toujours l’Ordre teutonique agenouillé 129 Bérenger, p. 98. A consulter aussi la chronique de Thuróczi, p. 237-238., mais aussi W. Ebstein, Die letzte Krankheit des Kaisers Sigismunds, in Mitteilungen der Instituts fur osterreichische Geschichtsforschung, XX, 1906, p. 678-682: B. Schmeidler, Das Königtum und Kaisertum der Luxemburger und seine Bedeutung fiir Deutschland (1307-1437), in Zeitschrift fur deutsche Geisteswissenchaft, II, 1939-1940, p. 13-15. Pour le règne d’Albert voir notamment G. Hödl, Albrecht //. Königtum, Reichsregierung und Reichsreform 1438-1439, Vienne, 1978. 130 “Il était formellement interdit d’emmener hors de Hongrie la couronne de saint Étienne, symbole de l’unité du royaume’’, Bérenger, nr. 7, p. 753., où l’historien français cite l’ouvrage de Magda von Barany-Oberschall, Die Sankt Stephans-Krone, Vienne, 1960. La guerre civile est décrite dans les chroniques de Thuróczi, p. 243-246 et de Bonfinius, p. 102-105. Voir aussi J. Teleki, A Hunyadiak kora Magyarországon, I, p. 150-162, mais aussi les documents publiés dans le t. X, p. 90-110; P. Hanák dans Histoire de la Hongrie, sous la dir. de E. Pamlényi, Roanne, Budapest, Corvina 1974, p. 120-121; P. Engel, János Hunyadi, the Decisive Years of his Career, 1440-1444, dans From Hunyadi to Rákóczi, War and Society in Late Medieval and Early Modern Hungary, sous la dir. de J. M. Bak, B. K. Király, Columbia University Press, 1982, p. 118-123., avec bibliographie. 131 Dabrowski, La Pologne et l'expédition de Varna en 1444, p. 57-66. Pour les itinéraires du roi voir S. Kwiatkowski, Itinerarium Wladyslawa Warnenczyka, Lwôw, 1879, p. 16-26.