Drăgan, Ioan (szerk.): Mediaevalia Transilvanica 2000 (4. évfolyam, 1-2. szám)
Cruciada Târzie
Les expéditions de Nicopolis (1396) et de Varna (1444): une comparison 59 le jeune souverain à prendre une telle décision hasardée. Il existe plusieurs variantes concernant le mobile de son acte. Est-ce la fougue et l’ardeur qui caractérisaient son tempérament à pareil âge? Ou le désir d’accomplir à son tour des prouesses qui auraient auréolé davantage une image déjà légendaire au sein de la chrétienté121? A ce moment de la bataille il était vraisemblablement conscient du fait que l’armée qu’il avait sous ses ordres venait de remporter une victoire historique contre l’ennemi ottoman. Il est très intéressant de pénétrer à l’intérieur de son imaginaire de comprendre le jugement qu’il pouvait avoir sur l’évolution du combat. Comment pouvait-il apprécier le nombre et la qualité des troupes qui entouraient encore la position du sultan dans la fumée, la poussière et le vacarme qui couvrait le champ de combat? Savait-il que Murád II était défendu par environ 5.000 janissaires et par les escadrons kapïkulul Avec à peine 500 chevaliers que comprenait sa garde personnelle, Vladislav chargea le centre du dispositif ottoman. Groupés en rangs serrés, les lances pointées en avant, les chrétiens s’approchèrent dans un galop fou des premières lignes ennemies qui déclenchèrent une pluie de flèches dense et meurtrière. Lorsqu’ils furent obligés de traverser le champ de pieux, plusieurs chevaliers tombèrent de leurs montures éventrées, certains étant blessés à mort durant leur chute ou immobilisés à cause de la lourdeur de leurs armures. En suivant le roi qui se trouvait à sa tête, le reste de la troupe réussit à franchir malgré les pertes tous les obstacles pour tomber comme la foudre sur le premier échelon de janissaires qui ne pouvant pas résister au choc fut rompu et dispersé122. Les épées et les sabres furent sortis de leurs fourreaux et un corps à corps acharné commença avec les fantassins d’élite turcs. Ce fut dans la fureur du combat qu’il se rendirent compte du danger de mort qui les guettait étant donné le grand nombre d’adversaires que chacun d’eux devaient'affronter. Etienne Báthory avec son escadron suivit le détachement du roi pour le sortir du piège mais ce fut trop tard car la masse des fanatiques janissaires entoura Vladislav et ses hommes qui tombaient à présent les uns après autres en parant et en donnant des coups jusqu’au dernier souffle. A un certain moment, dans la mêlée, le souverain chrétien se trouva seul séparé de ses gardes. Grâce à l’armure qu’il portait, il attira l’attention des ennemis. Quelqu’un parmi les janissaires jeta habilement une hache aux pieds du destrier royal qui trébucha et ayant les tendons blessés renversa par terre son 121 Nous disposons de plusieurs versions qui essayent d’expliquer d’une manière tout à fait fantaisiste les raisons qui poussèrent Vladislav à attaquer le centre de l’armée ottomane. La plus connue appartient à Chalcocondylas, p. 198., qui nous décrit la jalousie du roi et de son entourage à l’égard du voïévode de Transylvanie qui était en train de remporter à lui seul cette grande victoire. Quant à Orujd bin Adil, loc. cit., il affirme exactement le contraire. Hunyadi voulait tuer le roi pour prendre sa place! 122 C’est ce qu’avancent notamment les sources polonaises et hongroises pour souligner la vaillance et le courage de Vladislav pendant la bataille. Mais il paraît qu’à l’approche des chevaliers de la garde royale, les janissaires évitèrent le choc et ouvriront les rangs pour laisser l’ennemi avancer à l’intérieur de leur carré.