Drăgan, Ioan (szerk.): Mediaevalia Transilvanica 2000 (4. évfolyam, 1-2. szám)
Cruciada Târzie
60 Emmanuel C. Antoche cavalier. Immobilisé, le roi ne put se relever pour affronter son adversaire. D’un coup de sabre celui-ci lui coupa la tête et la mit au bout d’une pique123. La mort tragique de Vladislav et de ses compagnons dont très peu réussirent à s’échapper de l’étau ennemi représenta le tournant de la bataille et le commencement de la débâcle chrétienne124. La tête royale avec ses longues boucles noires fut reconnue par les Ottomans qui la promenèrent parmi leurs rangs. Le sultan fit rassembler les fuyards et avec les restes de ses troupes dont le moral était toujours élevé se prépara à contre-attaquer l’armée croisée. Pendant la charge menée par le roi, Hunyadi se trouvait toujours sur le flanc gauche. Lorsqu’il se rendit compte de ce qui se passait, il été déjà trop tard pour sauver la vie de son souverain. Il se déplaça vers le centre où la panique gagna vite les hommes qui criaient à la trahison. Il aurait jeté un regard vers la tête du roi enfoncée dans une pique derrière laquelle les janissaires avançaient lentement vers les lignes chrétiennes. Les nerfs des soldats alliés mis à rude épreuve durant toute la journée cédèrent aussi à la vue de ce spectacle macabre. On savait que la bataille était maintenant perdue et personne n’essaya d’encourager ses semblables pour arrêter la vague ennemie. L’apparition des débris de la cavalerie ruméliote et anatolienne qui poursuivaient et massacraient sans pitié les chrétiens sur le champ de bataille mit fin à toute tentative d’opposition de la part des troupes qui essayaient de poursuivre la lutte. En France et en Pologne on rejette la responsabilité de la défaite sur les troupes hongroises: “Nychopoly, cité de payennie, / A ce temps la ou li sieges fut grans, / Fut délaissiez par orgueil et folie; / Car les Hongres, qui furent sur les champs / Avec leur roy fuitis et recreans, / Leur roi meisme en mainent par puissance / San assembler. Ayons tuit souvenance / Des prisonniers qui tient 123 Le coup contre Vladislav aurait été porté "par le janissaire Hamza, Grec d’origine”, N. Iorga, Histoire des Roumains et de la românite orientale, p. 98. Selon Sphrantzes, p. 340-341, Chamuza, était originaire du Péloponnèse. Chalcocondylas, loc. cit., affirme qu’il s’agissait d’un certain Teriz qui reçu une forte récompense de la part du sultan. Pour la mort du roi voir aussi Ducas, p. 276, Kódja Húséin, p. 452; Lufti Pacha, p. 271. Lire aussi la reconstitution de Iorga, p. 97: "Vladislav se jeta, très peu entouré par des gens d’esprit léger, sur l’élément le plus résistant d’une armée admirablement organisée. Son cheval glissa et un janissaire, se jetant sur lui, coupa cette belle tête sans savoir à qui elle appartenait. Reconnu et placé au bout d’une lance, ce trophée sanglant fut le symbole même d’une déroute complète qui fut suivie de la dissolution désespérée d’une puissante armée qui avait été sûre que rien ne lui résisterait.” 124 La plupart des historiens ayant étudié la bataille ont conclu que la principale cause de la défaite chrétienne fut l’échec de cette charge de cavalerie sur le centre turc et la mort du roi Vladislav. Voir notamment les chroniques ottomanes qui reconnaissent dans leur ensemble que la fin tragique du souverain chrétien sauva l’armée de Murád II d’un désastre certain. A consulter aussi Callimachus, p. 516-517et Bonfinius, p. 151, ainsi que les propos de H. Inalcik, p. 274; M. Chasim, p. 310; M. P. Dan, Armata si arta militară, p. 103; Fr. Pali, Un moment décisif, p. 117: "à la suite d’une charge inconsidérée du jeune roi dans le style de la charge des chevaliers français à Nicopolis qui lui coûta la vie, la panique s’empara des rangs chrétiens qui virent tomber leur chef’.