Sonderband 2. International Council on Archives. Dritte Europäische Archivkonferenz, Wien 11. bis 15. Mai 1993. Tagungsprotokolle (1996)
4. Session / Séance. Strategies for Links with Historical Research / Stratégies de Communication envers la Recherche historique - Palayret Jean-Marie: Towards a New History of Europe (integration period) / Pour une nouvelle Histoire européenne. La période de l’intégration) (english 393 - français 413)
4. Session/Séance: Palayret, Pour une nouvelle Histoire européenne Dès la fin des années soixante, certains historiens remettaient en cause cette belle harmonie, et émettaient le doute que l’histoire de l’intégration européenne n’aurait été jusqu’alors qu’une „histoire sous influence“. De fait, lorsque le processus d’intégration connut des crises au cours des années soixante avec la résurgence de l’„Europe des Patries“ et la crise dite „de la chaise vide“ en 1965, et lorsque l’immobilité qui s’ensuivit dans les années soixante-dix semblèrent démentir l’optimisme des écoles „fédéraliste“ ou „fonctionnaliste“ sans toutefois manifester l’effondrement prophétisé par les marxistes, ces théories avaient perdu beaucoup de leur crédibilité. Dans le même temps, la plupart des archives nationales des pays européens avaient, en adoptant la règle trentennaire, réduit le délai d’accès aux documents. En 1983 la Communauté ouvrait, en application du même délai trentennaire, ses archives au public. Bien que beaucoup de dossiers relatifs aux négociations qui conduisirent aux traités de Rome demeurassent „réservés“, ce fut un flot d’informations qui devint ainsi disponible à la recherche sur l’intégration au début des années 1980. Les archives nouvellement ouvertes contenaient les procès-verbaux Haute Autorité de la CECA, des discussions intergouvemementales entre les six pays qui en 1958 allaient devenir les premiers Etats membres des Communautés, avec les rapports de certaines conférences interministérielles et parfois même, les comptes rendus de réunions des cabinets nationaux. Grâce à cette „révolution archivistique“* 8 il était possible pour la première fois de se livrer à une analyse détaillée de la prise de décision multilatérale des „Six“ dans les années 1950. Les études réalisées sur la base de ces sources révélèrent l’importance de la confrontation des intérêts nationaux entre les instances nationales, qui les rangent dans la catégorie de l’„histoire diplomatique“9. Elles démontrent combien les traités de 1950 sur la Communauté européenne de défense (non ratifié) et de 1958 sur la Communauté économique européenne et sur l’EURATOM furent le fruit de compromis âprement débattus entre des aspirations et intérêts hautement disparates. Le courant radical de cette nouvelle historiographie fut et demeure illustré par Alan S. Milward et les historiens de l’économie qui sont aujourd’hui ses émules, tels Richard Griffiths, E. Bloemen, R. Ranieri, etc.10 Pour eux, les traités des années 1950 ne furent en aucune manière la concrétisation de l’idéalisme „fédéraliste“ d’après- guerre et la marque d’abandon de parts de souveraineté de la part des Etats membres. rilancio dell’Europa e i trattati di Roma. Bruxelles 1989, et Gerbet, Pierre: Histoire de la construction européenne. Paris 1989. 8 Pour la révolution archivistique et le programme de recherche qu’elle rendit possible, voir Schwarz, H. P.: Die Europäische Integration als Aufgabe der Zeitgeschichte. Forschungsstand und Perspektiven, in: Vierteljahrshefte fur Zeitgeschichte, vol. XXXXI (1983), p. 555-572. 9 Entrent notamment dans cette catégorie les remarquables biographies présentées par Poidevin, R.: Robert Schuman. Paris 1987, et de Schwartz, H. P.: Konrad Adenauer. 2 vols. 1986 et 1991. 10 Milward, Alan S.: The European rescue of the Nation-State. London 1992, et The Frontier of the National Sovereignty: History and Theory, 1945—1992. 417