Sonderband 2. International Council on Archives. Dritte Europäische Archivkonferenz, Wien 11. bis 15. Mai 1993. Tagungsprotokolle (1996)
4. Session / Séance. Strategies for Links with Historical Research / Stratégies de Communication envers la Recherche historique - Palayret Jean-Marie: Towards a New History of Europe (integration period) / Pour une nouvelle Histoire européenne. La période de l’intégration) (english 393 - français 413)
4. Session/Séance: Palayret, Pour une nouvelle Histoire européenne Tout au contraire, ils apparaissent comme les instruments de politiques nationales visant à résoudre des problèmes spécifiques, essentiellement économiques et l’expression de la volonté des Etats-nations de sauvegarder leur bien-être et en certains cas d’assurer leur survie. Pour ces auteurs, les archives révélaient non seulement l’absence de dynamique supranationale mais au contraire la tentative cynique des Etats d’optimaliser les intérêts nationaux. L’idée était schématiquement la suivante: si un Etat est affaibli dans l’exercice de ses fonctions et s’il se débarrasse de ce problème, fut-ce au prix d’un abandon partiel de souveraineté, il se trouve renforcé dans l’exercice des fonctions subsistantes. Ainsi, loin de représenter l’affaiblissement d’un Etat-nation moribond, les abandons progressifs de souveraineté ne faisaient que lui conférer une nouvelle vigueur. La question de savoir comment un unique traité pouvait faire coïncider les buts disparates et divergeants de Six Etats-nations différents demeurait toutefois irrésolue. S’il est avéré par les théories de l’interdépendance que les traités maximalisent les avantages mutuels des parties et atténuent les forces centripètes, ceci présupposerait un degré de prise de décision rationnel qui demeure singulièrement absent des documents d’archives. De nouvelles approches fondées sur la problématique plus modeste du „cas par cas“ se font actuellement jour. Le court-terme et l’analyse moins globalisante y reprennent leurs droits. Les problèmes sont repris à la base, grâce à l’apport d’archives de plus en plus diversifiées, pénétrant plus profondément dans l’appareil d’Etat. Il s’agit aujourd’hui d’examiner comment les gouvernements élaborèrent et formulèrent les politiques nationales dans tel ou tel domaine particulier: échanges, agriculture, défense, énergie et comment ils tentèrent de réaliser ces ambitions sectorielles au plan international et européen. Ces nouveaux projets de recherche rejettent en outre le concept d’„intérêt national objectif1 a priori en faveur de l’intérêt perçu. C’est là un changement radical d’interprétation qui cherche à mettre en évidence le déploiement de persuasions exercées par les partis ou groupes de pression dans le choix des priorités à l’intérieur des structures gouvernementales. Ce retour vers une approche sectorielle et l’analyse de la réalité complexe des niveaux successifs de la prise de décision conduit les chercheurs à privilégier la consultation approfondie des archives publiques des Etats membres. Resté en friche, jusqu’à présent tout un éventail de sujets d’étude s’ouvre également à travers l’accès progressif aux sources d’archives d’entreprises, de partis politiques et des protagonistes du combat pour le fédéralisme européen qui permettra sans doute de mettre en perspective les assises concrètes d’inerties sectorielles, mais aussi de suivre le rythme et les modalités de l’adaptation industrielle et commerciale aux marchés communautaires. Les études d’opinion, tout comme celles consacrées à des milieux spécifiques ont fait toucher du doigt la nécessité de se pencher sur les dimensions „humaines“ de la construction européenne. Peu a été dit du regard posé par les Français, les Britanniques ou les Espagnols sur les autres européens non seulement en termes d’opinions 418