Sonderband 2. International Council on Archives. Dritte Europäische Archivkonferenz, Wien 11. bis 15. Mai 1993. Tagungsprotokolle (1996)
4. Session / Séance. Strategies for Links with Historical Research / Stratégies de Communication envers la Recherche historique - Palayret Jean-Marie: Towards a New History of Europe (integration period) / Pour une nouvelle Histoire européenne. La période de l’intégration) (english 393 - français 413)
4. Session/Séance: Palayret, Pour une nouvelle Histoire européenne dynamique propre. Ils considèrent les traités de 1949 et de 1950 créant le Conseil de l’Europe puis la Communauté européenne du charbon et de l’acier comme procédant de la prise de conscience incontournable accordée dans l’immédiat après-guerre à l’idée d’union européenne. Celle-ci aurait été le résultat de la crise des Etats-nations (qui avait culminé dans la dictature des régimes fascistes) et du „leadership“ de quelques visionnaires (Jean Monnet, Altiero Spinelli) ou hommes de gouvernement inspirés (Robert Schuman, Alcide de Gasperi, Paul Henri Spaak, Konrad Adenauer). Ces personnages clés ou petits groupes de décideurs occupent toute la scène. Le second type de sources était constitué par les écrits des politologues qui s’interrogèrent eux aussi sur le passé immédiat et consultèrent les sources disponibles. Les résultats furent souvent „biaisés“ par le désir de confirmer ou d’infirmer tel ou tel „modèle“ ou „théorie“ qui, sous couvert de rationaliser ce qui n’apparaissait à l’origine que comme un fatras de faits aboutissait trop souvent à ne reproduire qu’une version tronquée de la réalité historique. Un exemple caractéristique de cette tendance fut, dans le cas de rejet de l’intégration, illustré par les sombres pronostics des augures politologues et historiens marxistes qui purent prétendre que tout ce qui avait été accompli en matière d’intégration régionale de l’Europe occidentale avait été le produit de la guerre froide (une historienne française a pu écrire que le „plan Schuman“ avait été dicté de Washington par téléphone au gouvernement français) et que l’intégration conçue sur des bases „impérialistes“ restait sujette aux lois de l’histoire et aux contradictions inhérentes au capitalisme. En conséquence, les organisations telles que les communautés européennes n’étaient pas appelées à durer. Paradoxalement, les premiers travaux historiques au sens plein du terme, publications fondées sur les premières archives inédites accessibles ne conduisirent pas directement à une nouvelle appréciation des évènements. Il est possible qu’une telle attitude ait été dictée par les sympathies des historiens eux-mêmes: E. B. Haas, Henri Rieben, Jean Baptiste Duroselle, Walter Lipgens, Alfred Grosser sont des auteurs connus pour leurs convictions „européïstes“5. Il est également probable qu’elle ait reflété le contenu des archives édulcorées par le caractère contingent et „accidentel“ de leur ouverture au public ou en d’autres termes par la „timing accessibility“ de documents mis en lumière par strates successives. Les premières archives rendues publiques furent en effet les archives des pays vaincus saisies par les Alliés, auxquelles vinrent s’ajouter assez rapidement les documents relatifs à la fin des années quarante. Ce que les historiens trouvèrent dans les dossiers de la Seconde Guerre mondiale et de l’immédiat après-guerre mettait clairement en évidence que la brutalité du „nouvel ordre européen“ mis en place par les nazis et l’importance dévolue à la question allemande sur le continent n’avaient 5 Lipgens, Walter: Die Anfänge der Europäischen Einigungpolitik, 1945-1950. Stuttgart 1977; Grosser, Alfred: Les occidentaux. Paris 1975, et L’Allemagne et l’occident. Paris 1953; Haas, H. B.: The Uniting of Europe: political, social and economic forces (1950-1957). Stanford 1957; Durosel le, J. B.: L’idée d’Europe dans l’histoire. Paris 1963. 415