Bereczky Erzsébet (szerk.): Imre Madách: La Tragédie de l'Homme. Adaptation Française de Jean Rousselot. Précédée de Textes sur Diverses céreations de l'Oeuvre (Budapest, 1986)
Tamás Majos: De la modernité de la Tragédie de l'homme
„La scène se transforme rapidement en place de Grève à Paris. Le balcon devient la partie supérieure de la guillotine et le bureau en constituera la partie inférieure...” Il ne s’agit donc pas de présenter des tableaux historiques dans une manière naturaliste. Nous n’avons pas honte d’avouer de jouer la Tragédie de l’homme sur une scène sans la moindre volonté de présenter les tableaux avec une minutieuse fidélité historique. C’est une scène avec ses horizons en toiles peintes et des éléments scéniques que les personnages des différentes époques transforment sous les yeux des spectateurs et en fonction des nécessités dramatiques de l’oeuvre. Pour caractériser les différentes époques, il suffira, dès lors, d’indiquer les rapports, l’état d’esprit et les comportements des gens. Ja dois aussi ajouter que l’on compte aussi, et non en dernier lieu, sur l’imagination du public. Nous invitons les spectateurs à prendre part à la chaude lutte des idées et à nous accompagner sur le terrain même de cette lutte. Rappelons, à ce sujet, une analogie avec le début de Henri V de Shakespeare où la scène vide est divisée en deux parties — l’Angleterre et la France — par le choeur qui invite le public à participer. Un tel style exige une participation plus intense de la part du public et un jeu plus moderne de la part des acteurs. Dans une représentation, montée de la sorte, il n’est pas question de retrouver „l’étemel humain” et encore moins „l’étemel féminin”. Les liens qui s’établissent entre Adam et Eve n’ont rien à voir avec le cynisme de Lucifer. Ils constituent même le principal obstacle à la réalisation des desseins de ce dernier. C’est l’amour qui apparaît toujours sous une forme renouvelée. Le personnage d’Eve de la Tragédie offre le rôle le plus passionnant, le plus diversifié, le plus coloré qui soit. Ce n’est pas une abstraction de la beauté mais le changement perpétuel d’apparitions sous des formes très différentes et c’est ce souvenir que le public devrait emporter pour se reconstituer le personnage d’Eve après la représentation. Nous ne recherchons pas la „beauté universelle”, la „transcendance absolue”, „l’étemelle Eve” ou Adam „héros biblique” parce que nous voulons présenter Madách, esprit profondément 55