Bereczky Erzsébet (szerk.): Imre Madách: La Tragédie de l'Homme. Adaptation Française de Jean Rousselot. Précédée de Textes sur Diverses céreations de l'Oeuvre (Budapest, 1986)

Tamás Majos: De la modernité de la Tragédie de l'homme

quement fidèle et sous la forme du „grand spectacle historique”. Dans un tel contexte, le Phalanstère plonge le metteur en scène dans le désarroi le plus complet. En fin de compte, la représenta­tion devient une suite, plus ou moins fignolée, d’époques de l’histoire, imprimant à l’oeuvre un rythme assez monotone et camouflant le message essentiel de Madách: „Homme,... lutte et aie confiance!” Car toute la question est làJ Comment et pourquoi lutter et avoir confiance, quel sens donner à la vie après l’échec d’une grande guerre optimiste où des milliers de gens s’étaient surpassés et avaient misé toute leur vie? Que faire après une telle chute honteuse qui avait fait disparaître, sans doute à jamais, tant de belles idées généreuses? C’est pour traduire cet état d’esprit que l’auteur traite si librement l’histoire. Ce qui importe, ce n’est pas l’histoire d’Egypte, d’Athènes ou de Byzance et encore moins la fidélité de la représentation mais bien le message de l’auteur. Tout comme, chez Shakespeare, ce n’est pas la Chronique de Holinshed ou l’authenticité des références qui importe mais la question que l’auteur s’était posée durant toute sa vie: Quels sont les rapports entre la conscience et les actes des personnages de son temps? De même, le vrai problème de Hamlet c’est le rapport entre la pensée et l’acte. C’est aussi le problème central de la Tragédie de l’homme que Lucifer et Adam tentent constamment de résoudre. Dès lors, les tableaux histori­ques du poème n’ont de fonction que dans la mesure où le combat dramatique des deux protagonistes le rend nécessaire. A la dernière représentation de la Tragédie, nous nous som­mes rendu compte que ce sont toujours Adam et Lucifer qui, à la fin de chaque tableau, repartent à de nouvelles expériences et non les personnages du Pharaon, de Miltiade ou de Kepler. Aussi leur avons-nous fait quitter leurs costumes historiques à la fin des tableaux. En fait, nous n’avons découvert qu’une moitié de vérité car, tout le long de l’oeuvre — et non uniquement dans les tableaux dits historiques — se trouve posée l’atroce question qui torturait Madách parce que issue de l’expérience infernale de l’échec de la révolution hongroise. Dès le premier tableau, en effet, Lucifer lance, dans le débat qui l’oppose au Seigneur: „En lui, Liberté et Destin s’affrontent, mais l’intelligente harmonie lui manque.” 52

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