Bereczky Erzsébet (szerk.): Imre Madách: La Tragédie de l'Homme. Adaptation Française de Jean Rousselot. Précédée de Textes sur Diverses céreations de l'Oeuvre (Budapest, 1986)

Ferenc Kerényi: Un poéme dramatique hongrois pour le théatre universel

respect du texte épuré et par un spectacle correct, compte tenu des conditions et des possibilités de chaque compagnie. Depuis 1960, la Tragédie est régulièrement représentée sur le parvis de la cathédrale de Szeged, faisant partie du répertoire d’un théâtre qu’on pourrait appeler populaire au meilleur sens du mot. Entre 1966 et 1975, les compagnies théâtrales d’expression hongroise de Roumanie, Tchécoslovaquie et de Yougoslavie ont accompli un beau travail de popularisation de la Tragédie. La décennie passée a vu naître une nouvelle approche de la Tragédie de la part des gens du théâtre. La compagnie du théâtre Vanemuine de Tartu (Estonie) a été la première à présenter l’oeuvre de Madách, dans la mise en scène d’Epp Kaidu, comme le drame de la jeunesse de tous les temps à la recherche de sa voie. Cette mise en scène de 1971 passe délibérément outre aux indica­tions de Madách pour qui Adam, vieilüssant au fil des tableaux, abandonne progressivement l’action pour la contemplation. Cette évolution posait toujours des problèmes de mise en scène, de jeu, de costume ou de masque. Les années écoulées depuis la création de la Tragédie en Estonie semblent confirmer cette conception c’est-à-dire de confier les principaux rôles à des comé­diens jeunes. Elle paraît se généraliser dans une mesure semblable à la conception de la Tragédie en tant que mystère et qui était à l’honneur voici quelques dizaines d’années. Il s’agit là de bien plus qu’une simple option de la distribution. Prenons le cas du personnage de Lucifer, par exemple. Si les rôles d’Adam et Eve sont confiés à de jeunes comédiens, que va-t-on faire de celui de Lucifer? Si celui-ci est présenté comme un personnage d’âge mûr, il accompagnera le jeune couple humain en directeur de conscience, pédagogue, intellectuel désabusé, etc., distribuant ses maximes aux jeunes êtres sans expérience. Si, au contraire, Lucifer a l’âge du premier couple humain (ce qui ne contredit nullement la conception madáchienne si l’on se conforme au texte), les trois protagonistes vont acquérir l’expérience que l’on sait sur les instigations d’un Lucifer un peu plus évolué que les deux autres personnages. On voit donc que la représentation de la quête de la jeunesse impose un travail délicat et complexe au metteur en scène pour la direction des acteurs. Ces derniers, étant jeunes, ne 30

Next

/
Thumbnails
Contents