Bereczky Erzsébet (szerk.): Imre Madách: La Tragédie de l'Homme. Adaptation Française de Jean Rousselot. Précédée de Textes sur Diverses céreations de l'Oeuvre (Budapest, 1986)

Ferenc Kerényi: Un poéme dramatique hongrois pour le théatre universel

littéraire. Les plus fortes réticences se manifestaient dans les pays d’expression allemande et, dans une certaine mesure, elles persis­tent encore de nos jours. Si Madách y est assez généralement tenu pour un épigone de Goethe, c’est, en grande partie imputable aux adaptations de Lajos Dóczi qui avait établi les textes des repré­sentations de Hambourg, Berlin et Vienne. Comme Dóczi avait auparavant traduit le Faust en hongrois, il devait inévitablement imprimer une atmosphère et des tournures goethéennes à ses versions allemandes de la Tragédie. Les nouvelles tendances de la scénologie qui apparurent à la fin du XIXe siècle et au début du XXe amenaient une rupture ra­dicale avec l’école de Meiningen. Les mises en scène de Gordon Craig et de Max Reinhardt, ayant banni la réalité naturelle, utili­saient des symboles et des stylisations. Le théâtre se déplaçait en direction des décors-signes, fortement architecturaux, et utilisait systématiquement des éléments asymétriques, disharmoniques, abstraits. A notre connaissance, la première mise en scène d’une conception nouvelle de la Tragédie date de 1909. C’est à Prague que le metteur en scène tchèque Jaroslav Kvapil, mettant à profit son expérience shakespearienne, a créé la Tragédie dans un espace scénique, fait de symboles et d’abstractions, conformément au courant nouveau. Sándor Hevesi fut le premier metteur en scène hongrois qui avait abordé le théâtre sans une expérience de comédien préalable mais directement avec un sérieux bagage théorique et littéraire. Aussi son approche de l’oeuvre de Madách était-elle d’un esprit tout à fait moderne. A vingt-quatre ans, il avait déjà sévèrement critiqué l’imagerie à la Meiningen des représentations de la Tragé­die. Trois ans plus tard, en 1900, il consacra un long article à l’étude des conceptions de mise en scène antérieures qui avaient prévalu dans les créations successives de l’oeuvre madáchienne. Tout en reconnaissant les mérites de Paulay en tant que pionnier et estimant que la Tragédie était, en tout état de cause, destinée à la scène, il reprochait à l’esprit de Meiningen son incapacité de distinguer, dans des suites de tableaux également spectaculaires, le cadre mythique, le rêve d’Adam et les données historiques. 23

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