Bereczky Erzsébet (szerk.): Imre Madách: La Tragédie de l'Homme. Adaptation Française de Jean Rousselot. Précédée de Textes sur Diverses céreations de l'Oeuvre (Budapest, 1986)
Ferenc Kerényi: Un poéme dramatique hongrois pour le théatre universel
Lorsque, en 1908, Sándor Hevesi, âgé alors de trente-cinq ans, a eu la possibilité de réaliser sa première mise en scène de la Tragédie, il devait hériter, ironie du destin! les décors d’Esterhàzy, vieux de quinze ans et entièrement adaptés à la conception de Paulay. Aussi la production de Hevesi ne traduisait-elle que partiellement sa conception véritable de la mise en scène de la Tragédie. C’était, à tout prendre, un précieux apport à la carrière de la Tragédie, sur le plan de l’interprétation en premier lieu. D’un Lucifer raisonneur, expliquant et commentant les faits, Hevesi fit le moteur de l’action dramatique. La présence de la foule, admirablement dirigée, sur la scène faisait ressortir un élément nouveau de la pensée madáchienne: les rapports conflictuels de l’individu et la masse. Pour tenir le rôle d’Adam, Hevesi avait invité Oszkár Beregi qui faisait déjà partie de la compagnie de Max Reinhardt, grande figure du théâtre moderne. C’est en 1923 que Sándor Hevesi, déjà directeur du Théâtre National, a eu l’occasion de liquider définitivement les vestiges de la manière de Meiningen. „La Tragédie de l’homme n’est ni une galerie de tableaux historiques ni une suite de scènes spectaculaires, puisées dans l’histoire universelle, affirma-t-il le soir de la générale. C’est l’étemelle lutte de l’homme dans les visions changeantes du rêve d’Adam. La nouvelle Tragédie de l’homme est construite sur la scène à partir de l’âme d’Adam, ses rêves, ses visions qui sont et le cadre et la substance même des scènes qui ne sont nullement des tableaux de différentes époques de l’histoire.” Le décorateur Gusztáv Oláh se révéla un précieux collaborateur du metteur en scène. Un arc de feuillage stylisé enjambait la scène, indiquant qu’il s’agissait toujours du rêve d’Adam quoique ce dernier dût, conformément aux instructions du metteur en scène, se réveiller à la fin de chaque tableau. Les époques historiques successives étaient fortement typées aux couleurs nettes dont la symbolique n’avait rien d’abstrait. La même netteté caractérisait les références aux arts plastiques, - Fra Angelico, Albrecht Dürer, le Hongrois Mihály Zichy. Dans la mise en scène de Hevesi, la foule devait être le quatrième protagoniste de la pièce grâce à une direction cohérente des figurants. Cette cohésion était d’ailleurs le trait caractéristique de la mise en scène de Hevesi qui avait aussi 24