Bereczky Erzsébet (szerk.): Imre Madách: La Tragédie de l'Homme. Adaptation Française de Jean Rousselot. Précédée de Textes sur Diverses céreations de l'Oeuvre (Budapest, 1986)
Ferenc Kerényi: Un poéme dramatique hongrois pour le théatre universel
triade liberté-égalité-fratemité, commencée dans la cruelle concurrence mercantile de la scène de Londres, poursuivie par l’anéantissement de la personnalité humaine dans la caricature de l’égalité que présente le phalanstère, se parachève chez les Esquimaux, replongés dans une existence quasi animale. Ultime grimace amère de la belle idée de la fraternité bafouée. Evidemment, la vision d’avenir de Madách n’était qu’une re-formulation poéticophilosophique de théories scientifiques de son temps. Ces théories scientifiques du XIXe siècle, pour la plupart oubliées de nos jours apparaissent dans le texte de la Tragédie comme des curiosités relevant de l’histoire des sciences (la phrénologie de Gall et autres doctrines de l’entropie) aussi convient-il de compléter les éditions successives de notices explicatives. La mise en scène peut en faire abstraction ou les réduire à quelques signes gestuels, étant entendu que les différents tableaux posent, en substance, des problèmes philosophiques et moraux qui n’ont rien perdu de leur actualité passionnante. A la fin du quatorzième tableau, le destin de toutes les idées historiques est dialectiquement accompli; ou elles sont vidées de leur substance ou retournées en leurs contraires. Le suicide, envisagé par Adam, sortant de son rêve au début du quinzième tableau, ne serait donc nullement le fait du hasard. Mais en tout état de cause, la Tragédie de l’homme n’est pas une oeuvre pessimiste. Par delà l’hécatombe des idées, il reste une seule, issue celle-là de l’héro'feme romantique, et qu’Adam formule pour la première fois dans la scène de l’espace. C’est l’idée de la lutte: „Aucun rêve ne m’aveugle. Le but, Je sais que je le manquerai cent fois... Mais ce n’est pas lui qui importe. Qu’est-ce, En vérité, le but sinon la fin D’un glorieux combat? Quand on l’atteint, C’est pour mourir, au terme d’une lutte Qui est la vie. Lutter, voilà en soi Le but de l’homme et sa raison de vivre.” Dans la scène finale, ce qui sauve Adam de la perdition, ce sont à la fois ce savoir acquis de haute lutte, la maternité d’Eve et 15