Bereczky Erzsébet (szerk.): Imre Madách: La Tragédie de l'Homme. Adaptation Française de Jean Rousselot. Précédée de Textes sur Diverses céreations de l'Oeuvre (Budapest, 1986)
Ferenc Kerényi: Un poéme dramatique hongrois pour le théatre universel
antagonistes engendre une nouvelle qualité supérieure. Or, dans son rêve, Adam parcourt l’histoire de l’humanité et rencontre, à chaque époque, des idées que l’on croit universelles qui, changées en leur contraire, deviennent le point de départ d’une nouvelle étape de l’évolution. Si cette alternance ne distille aucun ennui didactique, c’est parce que le cours de l’histoire est présenté sous la forme d’un rêve et non comme un mécanisme philologique de précision. Dans le rêve d’Adam, le parcours des idées à travers les étapes de l’histoire se situe entre les quatrième et quatorzième tableaux tandis que les trois premiers et le quinzième et dernier tableau lui servent de cadre mythique. Ce cadre, loin d’être une fiction de la dramaturgie ou une paraphrase de la Bible, est une exposition pleine de conflits, celle-là même du combat qui se livre entre le Seigneur et Lucifer et dont l’enjeu est l’homme, le plus précieux produit de la Création. Madách devait traiter assez übrement, comme une matière première poétique, les scènes bien connues de la Bible pour que ce combat, véritable intrigue dramatique, pût rester douteux jusqu’au quinzième tableau. Voilà l’originalité de Madách qui le distingue de tous les auteurs antérieurs, y compris Goethe du prologue céleste de son Faust. Mais Madách devait aussi dépasser l’opposition, traditionnelle et romantique, du Bien et du Mal pour ne pas limiter son oeuvre aux seules questions de morale au détriment d’une approche diversifiée. Ainsi l’affrontement du Seigneur et Lucifer ne saurait être interprété comme un conflit théologique avec tout ce que cela comporte de statique; il va bien au-delà des oppositions civitas dei — civitas diaboli et idéalisme — matérialisme des luttes philosophiques. En effet, dans le premier tableau de la Tragédie, on assiste déjà à la confrontation de la thèse de l’ordre mécanique d’après Création à l’antithèse de la négation consciente: LE SEIGNEUR Oui, mon ouvrage est terminé. Voilà La machine lancée. Le créateur Peut prendre du repos. Cet univers Au sein des cieux bien posé sur son axe, 10
