Bereczky Erzsébet (szerk.): Imre Madách: La Tragédie de l'Homme. Adaptation Française de Jean Rousselot. Précédée de Textes sur Diverses céreations de l'Oeuvre (Budapest, 1986)

Ferenc Kerényi: Un poéme dramatique hongrois pour le théatre universel

nations du poète lui-même, enthousiaste comme Adam et ayant l’intelligence lucide et désabusée de Lucifer. L’oeuvre de Madách est un poème d’humanité, genre préféré du courant romantique européen. Le poète hongrois avait, dans sa bibliothèque, le Faust de Goethe et le Manfred de Byron dont l’influence sur son oeuvre est, d’ailleurs, indiscutable. L’époque explique aussi d’autres parentés spirituelles avec, notamment, Victor Hugo de la Légende des siècles ou Henrik Ibsen du Peer Gynt. Mais les oeuvres, s’interrogeant sur le sens de l’acte humain et les finalités de l’existence, n’étaient pas, non plus, absentes de la littérature hongroise d’avant Madách. Elles étaient nées, aux moments de désespoir national, de l’esprit de ceux qui étaient capables d’action et d’enthousiasme. Il convient aussi de mention­ner le retour en force, dès les années 1850, de l’étemelle problé­matique de la primauté de la matière et de l’esprit dans la pensée philosophique. Les nouveaux arguments, appuyés par les découver­tes de la science, allaient renforcer les positions du matérialisme. Aussi l’oeuvre de Madách est-elle tissée d’esprit scientifique et de philosophie de l’histoire, d’une part, et d’adhésion lyrique et de méditation positiviste, de l’autre. On voit donc que la Tragédie traduit aussi les idées d’une époque, propres à la civilisation hong­roise et aussi à la littérature universelle. Leur analyse ponctuelle pourrait faire l’objet d’un travail d’érudition. Notre propos n’est pourtant pas là; ce qui nous préoccupe, ce sont les valeurs pérennes, éminemment dramatiques qui font représenter la Tragédie depuis cent ans sur les scènes de Hongrie et depuis quatre-vingt-dix ans sur les scènes de l’étranger. C’est également sous cet angle que nous nous proposons d’étudier le „contenu” des plus de quatre mille vers de la Tragédie. Les poésies de Madách, lyrique médiocre, charrient la plupart des idées exprimées dans la Tragédie et ses autres oeuvres dramatiques ne sauraient être créées au théâtre sans de sérieux remaniements. Il semble, au contraire, que c’est dans la Tragédie que Madách ait trouvé „son” genre et cela tant sur la plan des possibilités infinies du rapport espace-temps que sur celui de la construction poético­­dramatique. Cette dernière repose sur la théorie bien connue de Friedrich Hegel selon laquelle la confrontation de deux qualités 9 I

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