Folia Theologica 21. (2010)
Erdő Péter: Le rapport entre l'Eglise et l'Etat dans la théologie de l'Eglise Catholique
LE RAPPORT ENTRE L'EGLISE ET L'ETAT DANS LA ... 11 2. Le rapport à l'état païen dans l'enseignement des pères de l'Eglise Déjà les juifs, au temps de l'exil babylonien, ont souvent vécu sous domination païenne et ont développé certaines pratiques de discernement quant à la religion et la politique. Vu que les formes de vie des chrétiens dans l'empire romain étaient semblables au début, il n'est pas rare qu'ils ont continué à considérer ces principes de comportement comme valables. Ils ont reconnu les pouvoirs publics comme légitimes (Dan 2 ; cfr. Jn 19,11 ; Rom 13,1-7 ; Tit 3,1-3 ; 1 Tim 2,1-2 ; 1 P 11,13-17). En même temps, ils étaient prêts à conserver leur autonomie religieuse même au prix de la persécution (Dan 3 ; cfr. Ap 13,1-18 ; Mt 10,17 ; Ap 4,1-22 ; 5,21-42 ; 7,54-60 ; 8,1). Pour cela, ils ont gardé l'exemple de Jésus lui-même devant les yeux (Jn 18,28-19,16). Déjà dans l'enseignement du Christ, on voit la tension de la distinction entre le domaine spirituel et mondain. « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22,15-2 ; Mc 12,13-17 ; Le 20,20-26), nous dit l'Evangile. En tout cas pour les chrétiens le problème de la délimitation des deux domaines se présentait. Jésus lui-même a refusé la compétence dans les choses du monde comme la répartition des héritages (Le 12,13-14). Les chrétiens ont insisté sur le fait que, dans un sens escha- tologique, le royaume du Christ n'est pas de ce monde (cfr. Jn 18,36-37) et affirmé que leur cité est dans les deux (Phil 3,20-21 )12. Pour l'essentiel, les passages du nouveau Testament témoignent que les premiers chrétiens ont reconnu les droits des services publics de la res publica, mais seulement dans le cadre d'une hiérarchie des valeurs : l'autorité terrestre doit obéir à Dieu (cfr. Rm 13,4). Cette vision a bien sûr repoussé les anciennes mœurs religieuses et sociales et nié le caractère saint de la civitas mondaine. Les apologètes du second et troisième siècle partageaient presque tous cette opinion13. 12 Mantl, W., Kirche und Staat, in Klose, A. - Mantl, W. - Zsifkovits, V. (Hrsg.), Katholisches Soziallexikon, Innsbruck 1980. 1348-1350. 13 Cfr. Siniscalco, P., Chiesa e Impero, in Dizionario patristico I, 657-659. Pour l'attitude des chrétiens avant Constantin v. Riedl, G., „So gebt dem Kaiser, was den Kaiser gehört, und Gott, was Gott gehört" (Mk 12,17). Staatsmacht und Glaubensgemeinschaft - Exemplarische Überlegungen zum Verständnishorizont frühchristlichen Rechtsdenkens, in Isensee, J. - Rees, W. - Rüfner, W. (Hrsg.), Dem Staate, was des Staates - der Kirche, was der Kirche ist. Festschrift für Joseph Listl zum 70. Geburtstag, Berlin 1999. 3-27.