Folia Theologica 21. (2010)

Erdő Péter: Le rapport entre l'Eglise et l'Etat dans la théologie de l'Eglise Catholique

12 Péter ERDŐ Cette attitude des chrétiens a provoqué une réaction très négative du côté des contemporains païens. On a reproché aux chrétiens l'anar­chie, l'irréligiosité, l'irrationalité et la superstition14. Après le tournant constantinien (313), certains écrivains chrétiens ont commencé à con­sidérer l'empire romain en voie de christianisation comme image de la société chrétienne céleste et en même temps de l'Eglise pèlerine sur terre. L'empire apparaît dans ce contexte comme règne du Christ sur terre et comme Eglise déjà répandue universellement en tant que Ecclesia universalis. Les deux grandeurs semblent former une unité es­sentielle où la distinction des charges des évêques dans le domaine re­ligieux et de l'adminitration publique dans le domaine mondain est maintenue. Dans cette théorie, l'empereur serait aussi responsable pour le soin de l'Eglise15. Cette vision de l'état et de l'Eglise a été plus tard accentuée plus fortement en Orient et imposée de manière radi­cale par l'empereur Justinien (527-565). Déjà au IVe siècle, des voix s'élèvent dans le domaine chrétien, d'après lesquelles l'empereur ne doit jamais confondre les choses terrestres et celles de l'Eglise. Saint Athanase, Hilaire de Poitiers et saint Basile le Grand, mais surtout saint Ambroise de Milan insistent sur le fait que ce sont les évêques qui doivent juger l'empereur dans les questions de la foi et pas inverse­ment et que l'Eglise ne peut pas se soumettre à l'Etat (à la res publica). Cette direction prédominante mais pas exclusive qui exige l'indépen­dance de l'Eglise dans ses propres tâches et plus tard aussi la soumis­sion des souverains du monde à l'Eglise dans les questions spirituelles, rejette toujours plus clairement les principes Eusébiens. C'est dans ce sens que l'on peut expliquer les prises de position célèbres du pape Félix II (483-492) et Gélasius (492-496). Au début du Ve siècle, saint Augustin, dans son De civitate Dei, attaque la théologie politique du césaro-papisme. Cette conception augustinienne a été déterminante pour la chrétienté de l'Occident. Dans le contexte politique de la chute de l'Empire Romain d'Occident, la possibilité de confrontation entre le pape et l'empereur allait de soi. La théorie des deux puissances était alors caractéristique pour la pensée occidentale, aussi au Moyen Age16. 14 Cfr. par ex. Tacitus, Annales XV, 44, 4ss; Plinius iun., Ep. X, 96, 8; Marcus Aurelius, Meditationes 11,3. 15 Cfr. Eusebius, Laus Constantini 2,5. 16 SiNiscALCO, P., Chiesa e Impero, 661.

Next

/
Thumbnails
Contents