Folia Theologica et Canonica 11. 33/25 (2022)

Sacra theologia

28 CYRIL PASQUIER Depuis la venue du Seigneur, par les paroles du Christ et de ses apőtres, il [Satan] sait de faqon claire qu’un feu étemel a été préparé pour lui17 18. C’est comme s’il était déjá condamné [Quasi iám condemnatus]TM. Bien sűr, dans le cas présent il ne s’agit pas explicitement de 1’Antéchrist. Mais ce passage sur Satan étant inséré entre deux longs développements sur 1’Antéchrist, on peut comprendre qu’il forme une certaine unité avec ce qui précéde et ce qui suit. II y a done bien un « déjá-lá » de la victoire du Christ sur l’Antéchrist. La condamnation du diable a déjá été prononcée par la pre­miere venue du Christ. S’il y a apparition ä venir de l’Antéchrist, eile sera toute relative á cette victoire préalable du Christ sur le diable au moment de 1’Incarnation. De maniére plus générale dans Y Adversus haereses V 25-30, on note qu’il n’y a pas d’obsession antichristique. Ce personnage ne préoccupe pas Irénée outre mesure. Cela donne l’impression que, selon le docteur de l’unité, le plus gros du danger est déjá écarté. On est frappé par la disproportion entre la lon­gueur d’un texte qui est consacré á l’Antéchrist et le peu de fois oű son nőm est prononcé, quatre occurrences seulement en six chapitres. Ce n’est done pas sans quelques scrupules qu’Irénée emploie ce mot. Précisons que le traducteur franpais des Sources chrétiennes, Adelin Rousseau, n’a pás été fidele á cette parcimonie irénéenne dans l’emploi du vocable « Antéchrist ». Mais recon­­naissons qu’il est sans doute trés difficile de traduire les eum et eins du latin sans employer le mot lui-méme. De plus, Irénée prend toujours la precaution de citer le mot Antéchrist en mentionnant aussi « Dieu » ou « Seigneur » dans la phrase. Cela produit un effet assez rassurant sur le lecteur : quand on parle de l’Antéchrist, Dieu n’est jamais loin. Ce personnage mystérieux et malé­­fique n’a aucune existence par sói. II n’a pás de consistance par rapport á Dieu. II est destiné á étre détruit par Dieu. Irénée a bien sóin de préciser égale­­ment que le régne de l’Antéchrist ne durera pás longtemps en citant Ap 17, 8 : « II était et n’est plus, et il monte de l’abime pour aller á sa perte »19. Done notre auteur maintient l’Antéchrist á sa juste place qui est finalement trés se­­condaire dans l’histoire du salut. Mérne constatation dans la volonté qu’a Iré­­née de ne pas dormer un nőm á ce qui n’est pas. « On ne proclame pás le nőm de ce qui n’est pás » affirme-t-il á la fin du développement sur l’Antéchrist20. De maniére générale, la doctrine irénéenne du progrés piáidé contre toute ma­­joration du cataclysme antichristique a la fin. Pour Irénée, le monde ne va pás vers une destruction, mais vers une rénovation. 17 V26,2(SC 153.334-337). 18 V26, 2(SC 153.336-337). 19 V30,4(SC 153.386-387). 20 V 30, 4 (SC 153.386-387).

Next

/
Thumbnails
Contents