Folia Theologica et Canonica 11. 33/25 (2022)

Sacra theologia

DIVES IN OMNIBUS DEUS: UNE INTERPRETATION PLURIELLE... 25 II. QUATRE INTERPRETATIONS POSSIBLES 1. La victoire sur le mal et I ’Antichrist est dija acquise a. En Adversus haereses III 23, 7 La premiere interpretation de III 23, 7 va dans le sens du « déjá-lá » de l’avéne­­ment du salut10. En effet, Irénée, á cette étape de sa réflexion, est en train de méditer sur I’Incamation. II vient de désigner le Christ par l’expression « le fruit de l’enfantement de Marie ». Dans cette perspective, c’est l’Incama­­tion qui marque la victoire décisive sur le mai. Cette premiere venue du Christ dans l’humilité de notre chair opére les deux actions de détruire et de fouler aux pieds. L’Antéchrist serait done dója vaincu. II est significatif que, dans cette optique, les verbes choisis par Irénée pour désigner les deux actions - evacuaretur et conculcaretur - soient au mérne temps. II semble y avoir si­­multanéité des deux actions. Ainsi la prophétie du Psalmiste prévoyait que le Vérbe, en s’incamant, allait détruire le péché et la mórt et fouler aux pieds l’Antéchrist et le serpent des origines. II n’y a done pas forcément de distinc­tion chronologique entre la victoire sur le péché et la mórt et celle sur l’Anté­­christ et le serpent des origines. Tout cela est acquis dés le moment oú le Sauveur vient sur terre pour la premiere fois, oú il nous rachéte sur la croix, oú il vainc la mórt par sa resurrection. Détruire le péché et la mórt, piétiner TAn­­téchrist et le serpent, c’est en définitive une seule action. On pourrait résumer ainsi cette approche synchronique d’Irénée : la prophé­tie du Psaume annonqait un Christ qui vaincrait un mal tétramorphe. Le Christ est déjá venu. Done ce mai est déjá vaincu, y compris l’Antéchrist. Bien sűr, il y a deux venues du Christ, á l’Incamation et á la Parousie, mais il n’y a qu’un seul « événement Jésus Christ ». Les prophéties de l’Ancien Testament n’ont pás prédit deux avénements du Christ, mais un seul. Ä ce titre, puisqu’il est déjá venu, il a déjá réalisé ce qui était prédit. Un passage qui précéde légérement notre texte vient confirmer cette pre­miere hypothése : Par le « second Homme », il [Dieu] a ligoté le « fort » [adligavitfortem], s’est emparé de ses meubles et a détruit la mórt [evacuavit mortem], en rendant la vie á l’homme que la mórt avait trappé11. 10 Irénée est, sous bien des aspects, l’apőtre du « déjá-lá » et de la nouveauté radicale apportée par le premier avénement du Christ. Voir, par exemple, Adv. hear. IV 34, 1 (SC 100**. 846): « Sa­­chez qu’il a apporté toute nouveauté, en apportant sa propre personne annoncée par avance ». 11 III 23, 1 (SC 211. 446-447).

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