Folia Theologica et Canonica 11. 33/25 (2022)

Sacra theologia

26 CYRIL PASQUIER Le Christ est ainsi celui par qui Dieu a ligoté le fort en référence á Mt 12, 29 (Me 3, 27) et a détruit la mórt. L’action semble ici entiérement passée. Et les deux verbes décrivant 1’action sur le fort et la mórt - adligare et evacuare - sont les meines qu’en III 23, 7. Certes dans le texte-source, Irénée a sóin de préciser « dans les demiers temps » pour Taction du Christ sur TAntéchrist alors qu’il ne le dit pas pour son action sur le péché et la mórt. Cela impliquerait une distinction chronolo­­gique entre le premier et le deuxiéme verbe. Mais dans maints autres passages, Texpression in novissimis temporibus est employée pour désigner le temps de Tlncamation, et par extension le temps de TÉglise. C’est le cas, par exemple, en IV 38, I, oü Texpression « les demiers temps » désigne explicitement la premiere venue du Messie á Tlncamation12. En eífet, les demiers temps com­­mencent avec Tlncamation. « Lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme » dit ainsi saint Paul (Ga 4, 4). Et puisque TAntéchrist est lui aussi un personnage des demiers temps, alors celui-ci est en relation avec Tlncamation. II dóit étre d’actualité dés Tlncamation, et pás seulement á la fin chronologique du temps. Ou plutőt, si TAntéchrist est le personnage de la fin des temps, il a une certaine actualité dés Tlncamation, car celle-ci inaugure les demiers temps. Dés lors, TAntéchrist aurait déjá été vaincu durant la vie terrestre de Jésus, sóit au moment de TAnnonciation, sóit á Toccasion des nombreux exorcismes de Jésus pendant son ministére public, sóit á Gethsémani au moment ou Jésus était sur le point d’achever sa mission sur terre. Mais nous n’avons pás directe­­ment de trace de TAntéchrist ä ces moments-lá dans TÉvangile. Y a-t-il eu un combat angélique avant Tannonce de Gabriel á Marie contre un Antéchrist qui aurait voulu s’opposer á cette annonce ? Les preuves scripturaires sont peu nombreuses, mais saint Cyrille de Jérusalem, docteur de TÉglise, va dans le sens de cette interpretation d’une sorte de « régne du mal » qui précéderait Tlncamation : Déjá la premiere fois, lorsque lui-méme s’apprétait á se faire hőmmé et qu’on s’atten­­dait á ce que Dieu naquit d’une Vierge, le diable se mit á Pavance en travers de la chose, en inventant á Pavance, dans Pidolätrie, avec ses artifices malveillants, de faux dieux qui engendrent et sont enfantés par des femmes, afin que, le mensonge ayant pris les devants, la vérité, selon son calcul, ne trouvät plus de créance13. 12IV 38, 1 (SC 100**. 946-947) : « C’est pourquoi aussi notre Seigneur, dans les demiers temps, lorsqu’il récapitula en lui toutes choses, vint a nous, non tel qu’il le pouvait, mais tel que nous étions capables de le voir ». (C’est nous qui soulignons). 13 Cyrille de Jerusalem, Catechesis XV 11 (PG XXXIII. 884-885). Traduit dans Badilita, C. (dir.), L Antichrist (Bibliothéque 4), Paris 2011. 215-216.

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