Folia Canonica 9. (2006)
STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie
COMMUNICATIO IN SACRIS DANS L’EUCHARrSTIE 5 i au sacrifice eucharistique, source et sommet de toute vie chrétienne, ils offrent à Dieu la victime divine et s’offrent eux-mêmes avec elle (LG n° 11).133 C’est peut-être l’Instruction : Sur les cas d’admission des autres chrétiens à la communion eucharistique dans l'Eglise catholique, In quibus rerum circumstantiis du 1er juin 1972, suivant le premier Directoire œcuménique de 1967, qui souligne le mieux le caractère d’aliment spirituel de l’eucharistie et, par conséquent, sa signification comme moyen de grâce: L’effet de l’eucharistie est aussi de nourrir spirituellement ceux qui la reçoivent... Pour les baptisés, l’eucharistie est un aliment spirituel, un moyen de les faire vivre de la vie même du Christ, de les incoiporer plus profondément à lui et de les faire participer plus intensément à toute l’économie de son mystère. “Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui.” (Jn 6,56). A ce titre de sacrement de l’union plénière du Christ et de la perfection de la vie spirituelle, l’eucharistie est nécessaire à tout chrétien... Pour ceux qui vivent intensément de la vie de la grâce, ce besoin de nourriture spirituelle est impérieusement ressenti... (Instr. nos 3 et 3, a)134 Cette nécessité de l’eucharistie, de communier au Sang et au Corps du Christ, est affirmée par la plupart des confessions chrétiennes. La preuve en est que la soif des bienfaits135 et des grâces produites par l’eucharistie incite certains frères séparés à la demander - parfois avec insistance136 - à l’Eglise catholique. 133 L’eucharistie contenant le Christ lui-même, “le pain vivant, qui par sa chair, vivifiée par l’Esprit Saint et vivifiante, donne la vie aux hommes, les invitant et les conduisant à offrir, en union avec lui, leur propre vie, leur travail et toute leur création” (PO n“ 11). 134 SPUC, Instructio In quibus rerum circumstantiis 1 Iun i i 1972, AAS 69 (1972) 518-525. Texte français: SPUC, Instruction sur les cas d’admission des autres chrétiens à la communion eucharistique dans l'Eglise catholique, In quibus rerum circumstantiis du 1cr juin 1972, DC 69 (1972) 709. Plus loin, nous utilisons l’abréviation “Instr.” suivie du numéro de paragraphe. Citons encore le Catéchisme de l’Eglise Catholique n° 1392: “Ce que l’aliment matériel produit dans notre vie corporelle, la communion le réalise de façon admirable dans notre vie spirituelle. La communion à la Chair du Christ ressuscité, ’vivifiée par l’Esprit Saint et vivifiante’, conserve, accroît et renouvelle la vie de grâce reçue au baptême. Cette croissance de la vie chrétienne a besoin d’être nourrie par la communion eucharistique, pain de notre pèlerinage jusqu’au moment de la mort, où il nous sera donné comme viatique.” 135 Comme le dit URn“ 22: “Cependant, le baptême, de soi, n’est que le commencement et le point de départ, car il tend tout entier... à la totale profession de foi, à la totale intégration dans l’économie du salut,... et enfin à la totale insertion dans la communion eucharistique.” “Dans le baptême nous avons été appelés à ne faire qu’un seul corps. L’eucharistie réalise cet appel.” (Catéchisme de l’Eglise Catholique n° 1396) 136 Plus haut, nous avons souligné ces insistances de la part des réformés et des anglicans, ainsi que de leurs pasteurs (les Archevêques de Cantorbéry), soit pour satisfaire précisément à un besoin spirituel inassouvi et pressant, soit parce qu’ils n’ont pas accès à leurs propres ministres, soit parce qu’ils veulent approfondir les liens fraternels avec les catholiques, par exemple, au sein d’un mariage mixte, soit parce qu’ils espèrent faire avancer l’unité visible des chrétiens. Assez souvent ces requêtes s’accompagnent d’une offre de réciprocité, permettant ainsi aux catholiques de s’approcher de la Cène réformée.