Folia Canonica 9. (2006)
STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie
COMMUNICATIO IN SACRIS DANS L’EUCHARISTIE 49 Au sein de la communauté de foi, la communion eucharistique est à la fois expression de cette communauté et donc de l’unité des fidèles, et le moyen qui maintient et renforce cette unité. La communion eucharistique pratiquée sans la communauté de foi ne peut être ni l’expression de l’unité ni le moyen qui y conduit, car elle ne se réalise pas à l’intérieur de la communauté de foi et d’Eglise... De grandes valeurs sont en effet enjeu: le mystère de l’eucharistie dans sa relation avec le mystère de l’Eglise et, de ce fait, l’essence même de l’unité que nous recherchons pour les chrétiens divisés.129 La position catholique serait-elle donc celle d’une communion “fermée” intransigeante, à l’instar de la position orientale séparée, rejetant toute forme de communicatio car contredisant l’unité ecclésiale? Le Décret conciliaire sur les Eglises orientales parle d’ailleurs d’interdiction par la loi divine: La communicatio in sacris, qui porte atteinte à l’unité de l’Eglise ou bien comporte une adhésion formelle à l’erreur, un danger d’égarement dans la foi, de scandale ou d’indifférentisme, est interdite par la loi divine. (OE n" 26)13<> Un article, paru dans l’Osservatore Romano du 25 mars 2001 et signé de trois astérisques, paraît dans sa teneur parfaitement concorder avec la position orientale séparée: Selon la doctrine catholique, en effet, la réception de la sainte communion présuppose la pleine communion avec l’Eglise... Les présupposés de la participation (à l’eucharistie) sont donc le baptême et la pleine unité dans la foi de l’Eglise. Si entre chrétiens surgissent des divisions concernant des questions essentielles de foi, ils doivent d’abord se réconcilier dans la foi. Ce n’est qu’après qu’ils pourront célébrer en vérité l’eucharistie comme expression de l’unité avec le Christ et entre eux... Seule l’unité dans la confession de la foi réalise aussi la pleine communion des disciples entre eux et avec le Christ. Si, sur des questions essentielles de la confession de la foi, il n’y a pas d’unité, la célébration en commun de l’eucharistie ne serait pas vraie et elle serait même une démonstration que l’éclatement de la chrétienté est insurmontable. Ce serait donc un contre-témoignage pour l’unité visible de l’Eglise.1’1 130 131 130 “Communicatio in sacris, quae unitatem Ecclesiae offendit aut formalem errori adhaesionem vel periculum aberrationis in fine, scandali et indifferentismi includit, lege divina prohibetur. ” (OE n° 26) Une note qui accompagne OE n°26 dit que “cette doctrine vaut également dans les Eglises séparées”. II s’agit de la communion “fermée”. Néanmoins le Concile, ailleurs dans LG et UR, arrive, en partant de sa réflexion sur le mystère de l’Eglise et sur le baptême, incorporant au Christ, à une appréciation plus favorable à l’égard de la c.i.s. Il est d’ailleurs à noter que la discipline, qui suit dans OE nos 26-29, est justement très favorable à la c.i.s. en faveur des frères orientaux séparés et adoucit elle-même son attitude, apparemment intransigeante, en citant saint Basile ."ne impedimento propter sententiae severitatem simus iis qui salvantur ” (OEn° 26). Plus loin, nous nous penchons sur la différence d’approche entre OE et UR. 131 ***, “Réflexions sur la Déclaration conjointe sur la doctrine de la justification” (nt. 75), 413. L’article réagit fortement contre les pratiques d’hospitalité eucharistique réciproque et de