Folia Canonica 9. (2006)

STUDIES - Georges Ruyssen: Les positions des Eglies/Communautés ecclésiales en matiere de communicatio in sacris dans l'eucharistie

44 GEORGES RUYSSEN Lumen Gentium souligne dans son premier paragraphe le caractère sacra­mentel de l’Eglise: “L’Eglise étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité du genre humain...” (LG n° l).109 A son tour le sacrement de l’eucharistie est qualifié de signe et source de l’unité de l’Eglise. Lumen Gentium parle de “l’unité du peuple de Dieu que ce très grand sacrement (l’eucharistie) signifie en perfection et réalise admirablement” (LG n° 11, repris par EE n° 24). En se basant sur la prière sacerdotale110 de Jésus: “Que tous soient un comme toi, Père, tues en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous...” (Jean 17,21), le Décret sur l’œcuménisme énonce que: “il institua dans son Eglise l’admirable sacrement de l’Eucharistie qui exprime et réalise l’unité de l’Eglise” (UR n° 2). Que veut ce­pendant dire “exprime, signifie et réalise” l’unité ? L’eucharistie est le signe de l’unité, dans le sens qu’elle devrait suivre immédiatement cette unité et donc la présuppose. Quant à “réalise” l’unité, c’est la poussée produite par l’eucharistie, portant à sa perfection la communion déjà existante entre les membres.111 L’Encyclique Ecclesia de Eucharistia du 17 avril 2003 est très claire à ce sujet: Toutefois, la célébration eucharistique ne peut pas être le point de départ de la communion, qu’elle présuppose comme existante, pour ensuite la consolider et la porter à sa perfection. Le Sacrement exprime ce lien de communion d’une part dans sa dimension invisible qui, dans le Christ, par l’action de l’Esprit Saint, nous lie au Père et entre nous, d’autre part dans sa dimension visible qui implique la communion dans la doctrine des Apôtres, dans les sacrements et dans l’ordre hié­rarchique. Le rapport étroit qui existe entre les éléments invisibles et les éléments visibles de la communion ecclésiale est constitutif de l’Eglise comme Sacrement du salut. (EE n° 35) l0JLa sacramentalité de l’Eglise est aussi en lien avec son double aspect humain, visible et divin, invisible. “Cette société organisée hiérarchiquement d’une part et le Corps mystique d’autre part, l’assemblée discernable aux yeux et la communauté spirituelle, l’Eglise terrestre et l’Eglise enrichie des biens célestes ne doivent pas être considérées comme deux choses, el­les constituent au contraire une seule réalité complexe, faite d’un double élément humain et di­vin.” (LG n° 8). L’Eglise est donc le signe visible d’une réalité invisible. La qualification de l’Eglise comme “sacrement d’unité” est, par exemple, reprise dans le c. 837/CIC § 1 : “Actio­nes liturgicae non sunt actiones privatae, sed celebrationes Ecclesiae ipsius, quae est 'unita­tis sacramentum '...” Pour ne pas alourdir notre discours, nous passons plus loin en revue les canons doctrinaux du CIC et du CCEO sur laplace et la signification de l’eucharistie au sein de l’Eglise. Ces canons s’inspirent largement des textes conciliaires. II ° Notons que cette prière sacerdotale du Christ se situe dans le discours de la dernière Cène dans l’Evangile de Jean. L’unité dont le Christ parle se réfère donc à un arrière-plan eucharis­tique. Ainsi la prière pour l’unité des chrétiens prend-elle indirectement une saveur eucharis­tique. III Déjà, Luigi Sartori faisait la synthèse suivante dans le sens que : “il sacramento peressere tale deve significare in maniera causativa e causare in maniera significativa”. L. Sartori, L'unità dei Cristiani, Brescia 1989, 63.

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