AZ ORSZÁGOS SZÉCHÉNYI KÖNYVTÁR ÉVKÖNYVE 1961-1962. Budapest (1963)
IV. Könyvtár- és művelődéstörténeti tanulmányok - Somkuti Gabriella: Egy XVIII. századi főúri könyvtár olvasóforgalma a múlt század első felében - Le mouvement des lecteurs dans une bibliothéque seigneuriale du XVIIIe siécle
Le mouvement des lecteurs dans une bibliotheque seigneuriale du XVI IT siecle durant lapremiére moitié du XIX e siecle G. SOMKUTI En 1802 le comte Sámuel Teleki, chaucelier de la cour de Transylvanie, ouvra au public sa bibliotheque privée trés précieuse, qui se composait d'environ 20.000 volumes. Ayant fait construire dans une petite ville transylvanienne, á Marosvásárhely une bibliotheque, il a mis sa collection, sous la direction d'un bibliothécaire bien instruit, ä la disposition des lecteurs. Les livres hongrois ne formaient qu'une portion restreinte de cetté collection, qui se composait, pour la plupart, d'ouvrages parus en Europe occidentale, surtout en Allemagne, en Autriche, en Suisse, en France, aux Pays-Bas, en Angleterre et en Italie. A coté de livres anciens, de livres rares, d'incunables et de livres de bibliophilie, la bibliotheque embrassait, d'une maniére encyclopédique, toutes les disciplines de l'époque; l'activité systématique et consciente du fondateur, qui a réuni les ouvrages représentatifs de la littérature scientifique contemporaine, a eréé une institution susceptible de promouvoir efficacement la vie scientifique de son rayon d' action. L'article analyse le mouvement des livres pendant les premieres décades du XIX e siecle et s'appuie sur les anciens registres de lecture qui ont été conserves. La repartition sociale des lecteurs montre la predominance des intellectuels : des savants, professeurs, étudiants, juristes, clercs d'avoué, pasteurs, médecins, la participation des nobles et des aristocrates est moins importante. La plupart des ouvrages his sont de langue allemande ou latiné, les livres francais sont moins recherchés. Parmi les ouvrages consultés les classiques latins (Terence, Cicerón, Virgilé, Ovidé, Horace, Jules Oésar) et les études historiques sont les plus nombreux ; les livres juridiques, politiques et économiques sont également cherchés et l'intérét des lecteurs se manifeste aussi aux sciences naturelles, á la médecine. Au fur et ä mesure de l'essor des etudes antiques, les ouvrages concernant l'histoire de l'art et les oeuvres archéologiques sont de plus en plus préférés. La théologie est peu lue, en revanche les études philosophiques du siecle deslumiéres sont trés populaires; les produits de la littérature allemande et francaise de l'époque sont fréquemment feuilletés. Durant les années de 1810 Rousseau et Wieland sont les écrivains les plus étudiés, ils sont suivis immediate ment, dans l'hierarchie des preferences, par Voltaire et Kotzebue. On observe nettement l'influence des idées progressistes et les repercussions de la revolution francaise, influence qui se traduit dans la forte lecture (surtout par la jeunesse) d'écrits politiques et satiriques, d'ouvrages philosophiques matérialistes et d'eeuvres anticléricales. Voici les auteurs préférés, á part de ceux que nous venons de mentionner: Montesquieu, Mirabeau, Lamettrie, Raynal, Blumauer, Pope, Browne, Machiavelli. Plusieurs ouvrages frappés d'interdiction ou de confiscation ne sont accessibles aux lecteurs que dans cette bibliotheque. Quant ä la littérature technique et scientifique, le public étudie les ouvrages des principaux savants du XVIIP siecle. (Histoire : Bayle, Winckelmann, Barthelemy — philosophie : Wolf, Kant — droit : Puffendorf, Filangieri, Sonnenfels — sciences économiques: Smith — géographie: Büsching — mathématiques et physique: Bernouilli, Vega, Gehler — agriculture: Thaer — médecine: Albinus, Tissot. Parmi les livres les plus fréquemment consultés nous trouvons l'Encyclopédie francaise et une grandé encyclopedic économique-technique, celle de Krünitz. Bien que le nombre de ses visiteurs n'eut atteint á peine le chiffre de 5 ou 10 personnes par jour, la bibliotheque n'a pas manqué de jouer un rőle important dans la vie intellectuelle de Marosvásárhely et — par l'intermédiaire de cette ville — dans celle de la Transylvanie entiére. La liste de ses lecteurs réguliers contient des noms illustres, comme celui de Farkas Bolyai et de son fils, János Bolyai, auteur de la géométrie absolue Bolyai — Lobatchtevsky. Apres la mort de Sámuel Teleki, fondateur de la bibliotheque (1822) l'enrichissement de la collection s'est ralenti, ce qui avait pour consequence d'affaiblir succesivement l'intérét des lecteurs. Depuis les années 50 du siecle passé, la bibliotheque ne constitue plus qu'un gardoir d'anciens livres et ce materiel n'intéresse actuellement que les chercheurs scientifiques. 303