Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 88-89.(Budapest, 1998)

ZENTAI, LORÁND: Quelques remarques sur un (deux) dessin(s) de Fra Bartolommeo

ment exceptionnelle à l'époque - les anciens fragments « imparfaits » en des composi­tions achevées, équilibrées et décoratives, c'est-a-dire en œuvres d'art « parfaites », conformes à ses propres normes esthétiques. 36 LORÁND ZENTAI Traduit par Judit Chehadé 36 Le procédé technique servant à l'assemblage des deux fragments graphiques trahit leur passage par l'atelier de montage de Mariette : lui (ou son restaurateur), à la différence de Vasari, a taillé en biseau les bordures de feuilles à assembler pour que celles-ci restent au niveau du papier même après le collage. Les taches plus foncées qui transparaissent laissent deviner l'utilisation d'une colle à base d'amidon - comme l'a constaté Le Marois après l'examen de divers autres dessins {op. cit. p. 88). Les deux fragments d'es­quisse de Federico Barocci furent montés avec le même procédé, et le premier propriétaire identifiable du nouveau « carton » s'appelle Mariette (n° d'inv.: 2015, v. Fenyő, L, BullMusHongrBA, 22 [ 1963J pp. 98). La marque se trouve cette fois non pas à l'angle droit inférieur de la feuille assemblée, mais vers le milieu, au bord inférieur droit du fragment de gauche, d'où l'hypothèse selon laquelle les deux fragments n'auraient pas été acquis en même temps par Mariette. Cette hypothèse est étayée par le fait qu'on connaît également une eau-forte du XVIII e siècle exécuté d'après le fragment estampillé alors qu'il était encore une œuvre indépendante. L'eau-forte en question, accompagnée de l'esquisse déjà unifiée, entra ensuite à la collec­tion Poggi puis à celle de la famille Esterházy et, enfin, au Musée des Beaux-Arts (n° d'inv. : 72.384). C'est avec un procédé similaire mais de manière différente que Mariette avait à l'époque « amélioré » les proportions du dessin fragmentaire et trop étroit de Poussin, appartenant également au musée hongrois (n" d'inv.: 2881, v. Leonardo to Van Gogh. Master Drawings from Budapest, Museum of Fine Arts, Cat. Washington-Chicago-Los Angeles 1985, n° 91) Aux bords inférieur et supérieur biseautés de la feuille, il avait collé des bandes de papier taillées également en biseau, puis il avait unifié les trois parties du nou­veau « dessin » devenu plus trapu à l'aide d'un lavis aux tons identiques. De la sorte, il avait réussi à créer un paysage aéré et spacieux dont les éléments constitutifs ne se décèlent qu'après un examen approfondi. Sur les deux fragments de Fra Bartolommeo, on remarque également les efforts de Mariette pour obtenir une tonalité d'ensemble plus homogène : certains détails de l'étude de droite tracée en sfumato ont été renforcés par de minces traits secs, ce qui a créé l'illusion d'une apparente solidarité des deux études de figures indépendantes. Le Marois a également remarqué pareils complètements des esquisses endomma­gées et mal proportionnées sur certaines feuilles issues de la collection Mariette, celle par exemple qui contient une étude de tête d'Andréa del Sarto (op. cit. pp. 91-92, fig. 12), tout en soulignant que, selon ses propres observations, Mariette n'a jamais touché au dessin lui-même. Les exemples précédemment cités du Musée des Beaux-Arts incitent cependant à supposer que ce grand amateur s'est pourtant permis de temps à autre de retoucher les œuvres originales si, par des considérations d'ordre esthétique, il l'estimait nécessaire.

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