Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 88-89.(Budapest, 1998)
ZENTAI, LORÁND: Quelques remarques sur un (deux) dessin(s) de Fra Bartolommeo
différentes façons de prier, De modo orandi, rédigé au milieu du XIII e siècle, existait encore au milieu du XV e siècle au San Marco, selon le témoignage des documents, et très probablement aussi au début du XVI e . Les gestes et la pose de la figure du dessin de Budapest s'inspirent de toute évidence des modes de prières décrits sous les n os 4 et 5 du manuel, recommandés en cas d'intercessio et de meditatio (fig. 49). 19 Tout porte à croire cependant que le dessin en question n'est plus d'inspiration purement religieuse mais fut réalisé dans le cadre d'une importante commande émanant de la Compagnia dei Contemplanti de Florence et payée en 1508 en vue d'un tableau d'autel représentant Y Assomption, comme étude pour la figure d'un dominicain, Saint-Pierre martyr agenouillé derrière le sarcophage, dans le champ de droite du tableau. L'œuvre autrefois au Kaiser Friedrich Museum de Berlin périt en 1945, et on ne la connaît que d'après des photographies et reproductions conservées (fig. 50). 20 C'est l'esquisse de composition de Rotterdam pour le retable qui contient le primo pensiero de la figure de saint Pierre martyr, dont l'élaboration fut réalisée ensuite par Fra Bartolommeo, d'abord probablement dans l'étude conservée à Budapest (fig. 51). 21 Fidèle à ses habitudes, celui-ci traçait d'abord des formes vaporeuses à la sfumato, puis en fixait plus nettement les contours au crayon dur sur une deuxième feuille. Dans notre cas, il s'agit du fragment d'esquisse conservé à Rotterdam que nous avons déjà mentionné (fig. 48). 22 Dans les deux études, le geste orans archaïque du religieux légèrement penché en avant à gauche constitue encore le pendant dynamique exact du geste de saint Dominique qui, dans la partie gauche de la composition, également derrière le sarcophage, prie les mains jointes et les yeux levés un peu à droite. Cependant, dans la peinture définitive, l'artiste a quelque peu modifié la pose de la main gauche de saint Pierre martyr, manifestement pour harmoniser la figure du dominicain avec celle de saint Paul, occupant la moitié droite de l'avant-plan et cachant en partie une autre figure de religieux de moindre dimension, et aussi pour éviter la confusion entre les mains des deux personnages gesticulant avec animation. Fra Paolino, fils de Bernardino del Signoraccio, artiste peu important de Pistoia, commença à être connu comme religieux, et s'illustrait comme sculpteur puis peintre au début des années 1510, au couvent San Marco de Florence. 23 En sa qualité d'assistant d'atelier, il travaillait probablement sous les ordres de Fra Bartolommeo qui, pour l'aider, lui préparait de temps à autre des plans de composition en vue notamment de sa première œuvre connue, une fresque pour l'église Santo Spirito de Sienne, achevée en 1516. 24 Après la mort du maître qui lui légua ses dessins, il se fit connaître d'abord à 19 Hood 1986, op.cit. (n.16) pp. 198-205, figures 11 et 15 et Hood 1990, pp. 115-117, n.15, figures 4.10 et 4.11. 20 Gabelentz, op.cit. (n. 1) vol. 1. pp. 144-145, fig. 6; Fischer, op.cit. (n. 18) pp. 106-107. 21 Rotterdam Museum Bojimans Van Beuningen, Vol. M 199, v. Fischer, in op.cit. pp. 106-107, 145148, n° 38. 22 V. n.14. Sur les corrélations entre la chronologie et les spécificités techniques des études de figures v. Fischer in op.cit. p. 37, n° 4. 23 Muzzi, A., Ecletticismo e devozione a Pistoia. Fra' Paolino e la scuola di San Marco nel convento di San Domenico, in L'età di Savonarola...op.cit. (n. 13) pp. 9-36. 24 V. Fischer, C, in Fra Bartolommeo et son atelier. Dessins et peintures des collections françaises, Cat. Paris 1994-1995, pp. 132-133, n" 85.