Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 88-89.(Budapest, 1998)

ZENTAI, LORÁND: Quelques remarques sur un (deux) dessin(s) de Fra Bartolommeo

Florence puis, à partir de 1526, dans sa ville natale, Pistoia, tout en perpétuant avec quelques modifications le style pictural de Fra Bartolommeo et devenant, au fil des décennies, le principal représentant en Toscane d'une peinture dominicaine, fondée sur les traditions artistiques du XV e siècle, gardienne de l'esprit de Savonarole et d'un provincialisme délibérément conservateur. La délimitation de l'œuvre graphique de Fra Paolino est extrêmement difficile en raison de l'imitation assez servile et souvent quasiment impersonnelle du style de son maître, Fra Bartolommeo. Les experts, de Bernard Berenson à nos jours, tentent d'opérer le triage dans la masse indistincte des dessins du maître et de l'élève, conservés et répertoriés ensemble sur des critères de qualité (fréquemment subjectifs et changeants) ou bien en fonction de liens avérés avec tel ou tel tableau fini. 25 Les variantes conservées du religieux de gauche dans le dessin de Budapest et leur utilisation dans les peintures peuvent également servir de repères pour ce travail, dans la mesure où elles contribuent à illustrer la méthode artistique de Fra Paolino et l'acti­vité étendue de l'atelier du couvent formé autour de Fra Bartolommeo. La figure du moine entourant le poteau de la croix de ses bras - cette fois comme saint Thomas d'Aquin - réapparaît sur un tableau d'autel représentant le Christ crucifié entre la Vierge et saint Jean l'Evangéliste, peint par Fra Paolino vers la première moitié des années 1530 pour l'église San Domenico de Pistoia (fig. 52). 26 L'antécédent direct de cette composition fut évidemment sa propre fresque exécutée d'après une esquisse de Fra Bartolommeo en 1516 à Sienne, mais leur modèle commun est à rechercher vraisem­blablement près d'un siècle plus tôt dans une fresque à sujet similaire de Fra Angelico, laquelle, dans la première moitié du XVI e siècle, était encore visible au couvent San Domenico de Fiesole. 27 A la différence de sa précédente fresque, Fra Paolino supprime sur le retable de Pistoia les deux saintes agenouillées au pied de la croix et, sous l'in­fluence de Fra Angelico et de Fra Bartolommeo, il leur substitue un saint dominicain et remplace le saint Jean plongé dans sa douleur du premier tableau par un évangéliste agitant ses bras avec ferveur, figure fraîchement créée en vue d'une Assomption. 28 Le dominicain agenouillé y est représenté de profil gauche, en position inversée par rap­port à la figure correspondante du dessin de Budapest, sur laquelle il est plus ou moins calqué. Compte tenu des spécificités stylistiques et de la qualité des variantes susmen­tionnées, on peut formuler l'hypothèse selon laquelle la feuille mise en vente chez Gilhofer et Ranschburg était exécutée d'après une esquisse de Fra Bartolommeo par Fra Paolino qui, en l'inversant, l'a ensuite utilisée pour la figure correspondante de son tableau d'autel (fig. 44). Le dessin de la collection Waite, de qualité nettement infé­25 Berenson, op.cit. (1938 2 ), vol. 2. pp. 248-252, (1961 3 ), vol. 2. pp. 415-422; Beltrame Quattrocchi, E., in Disegni toscani e umbri del primo rinascimento dalle collezioni del Gabinetto Nazionale délie Stampe, Cat. Roma 1979, pp. 52-53, nos 38-39; Fischer, C, in Disegni di Fra' Bartolomeo e délia sua Scuola, Cat. Firenze 1986, pp. 151-156; Goldner, G.R. and Hendrix, L., in European Drawings. 2. Cata­logue of the Collections. The J.Paul Getty Museum, Cat. Malibu, California 1992, pp. 74-75, n° 26. 26 Muzzi, in op.cit. (n. 13), loc.cit. avec la littérature précédente. 27 Spike, op.cit. (n. 15) p. 199, n°12. 28 Firenze, Uffizi, n° 391F, v. Disegni di figura. 1 .Gabinetto disegni e stampe degli Uffizi (ed. A.Petroli Tofani), Firenze 1991, pp. 170-171, n° 391.

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