Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 87. (Budapest, 1997)

EÖRSI, ANNA: Fuit enim Maria liber. Remarques sur l'iconographie de l'Enfant écrivant et du Diable versant l'encre

« Ego sum alpha et o, princípium et finis » (Apocalypse I, 8); « Ego sum via, Veritas et vita » (Jean XIV, 6), etc. 57 Sur les deux miniatures du Maître de Bedford, le rouleau est pour ainsi dire le prolongement du corps du Christ. Dans tous ces cas, il s'agit, à mon sens, de la prolepse du rouleau étalé du Législateur de l'Église primitive, ou du Ré­dempteur montant au Ciel. Sur ces représentations, le Christ ouvre, montre ou transmet le rouleau (hérité d'ailleurs de l'empereur romain) en signe de révélation de lui-même et du Nouveau Testament. 58 V. Les panneaux de Westphalie (Budapest, Berlin) Jusqu'à présent, personne n'a remarqué les fortes similitudes entre les Vierges à l'encrier de Budapest et de Berlin d'une part, et les deux miniatures mentionnées ci­haut du Maître de Bedford de l'autre (fig. 17 et 18). 59 Ces tableaux étaient auparavant attribués à l'atelier de Konrad von Soest ; aujourd'hui, on se contente d'affirmer qu'ils ont été exécutés dans les années 1420 dans un atelier de Westphalie. 60 Au point de vue de leur style, de leur type et de leur iconographie, les deux pan­neaux de dimensions à peu près identiques ont des rapports de parenté évidents. Dans les deux cas, la Vierge tenant son enfant dans son bras gauche apparaît devant un fond d'or. Le Christ porte une robe de brocart de soie épais, qui laisse voir sa chemise blanche. Il tient de sa main gauche une banderole, tandis qu'avec sa droite il prend la bordure du manteau de sa mère. Son pied gauche est posé sur son genou droit nu. La droite levée de la Vierge tient un encrier avec une plume dans celui-ci. Un étui à plume est suspendu à son poignet par un fil rouge. Quant aux différences entre les deux panneaux, la Vierge de Berlin porte une simple coiffe blanche, tandis que celle de Budapest est coiffée d'une couronne ornée de perles 57 Cette dernière inscription apparaît sur la Vierge à l'encrier de Berlin, étudiée plus loin, aussi bien que sur le panneau de Sienne de Bernardo Daddi (Sienne, Museo Civico, n° 73), la Madone exécutée vers 1320 par Lippo Memmi (Sienne, S. Clémente ai Servi), et ailleurs. Gorissen énumère à ce propos nombre d'exemples (op. cit., pp. 248-250). 58 Sur l'Ascension (Maiestas domini) de la porte datant du V e siècle de la Santa Sabina, le rouleau contient le mot tchtys (Jésus-Christ, Fils de Dieu, le Rédempteur). Schiller, op. cit., vol. Ill, p. 149, fig. 458. 59 Budapest, Musée des Beaux-Arts, n° d'inv. 123, 68,2x59 cm, (sans cadre). Peint sur bois de chêne; le bord inférieur est mutilé. Pigler, A., Országos Szépművészeti Múzeum. A Régi Képtár katalógusa (Musée National des Beaux-Arts. Catalogue de la Galerie des Maîtres Anciens), I —II, Budapest 1967, vol. I, p. 770. Urbach, Zs., in Stephan Lochner, Meister zu Köln. Herkunft, Werke, Wirkung, Hg. F. G. Zehnder, Köln 1993, p. 382 (avec la bibliographie antérieure). Berlin, Staatliche Museen, Preussischer Kulturbesitz, Gemäldegalerie n° d'inv. 2091,67,5x45 cm. Originellement sur bois de chêne. Voir Berlin, Gemäldegalerie. Katalog der ausgestellten Gemälde des 13-18. Jahrhunderts, Berlin 1975. Vorw. H. Bock, p. 470 (avec la bibliographie antérieure). Verdier remarque, il est vrai, la ressemblance du geste de la prise de la robe sur la miniature de Vienne du Maître de Bedford et les panneaux de Westphalie (op. cit., p. 250). 60 Les deux dernières monographies sur Konrad von Sœst ne les mentionnent point, même pas dans leurs notes. Engelbert, A., Conrad von Sœst. Ein Dortmunder Maler um 1440, Dortmund-Köln 1995 ; Corley, B., Conrad von Sœst. Painter Among Merchant Princes, London 1996. Ce dernier auteur met ailleurs en question la provenance westphalienne même du tableau de Budapest, sans proposer une autre origine, Kunstchronik 47 (1994) pp. 696-711.

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