Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 85. (Budapest, 1996)

PASSUTH, KRISZTINA: M. H. Maxy, figure clé de la peinture roumaine du XXe siecle et l'avant-garde internationale

Ses tableaux ne présentent vraiment d'analogies ni avec les œuvres des expressionnis­tes (Ludwig Meidner, Max Pechstein), ni avec celles des adeptes de l'art abstrait pure­ment géométrique (Erich Buchholz, Walter Dexel). Tout au plus pourrait-on citer Fritz Stuckenberg, Thomas Ring, Johannes Molzahn et surtout Max Dungert, comme ayant une manière proche de la sienne. Par rapport à eux, Maxy se distingue par un style de tendance plus objectif. A la différence des membres du Novembergruppe , il n'aborde aucun sujet avec une charge émotionnelle ou affective, ce qui donne des compositions fermées en elles-mêmes, harmonieuses et entièrement élaborées. Plus que le cubisme, c'est l'orphisme interprété de manière spécifique qui séduit Maxy. A titre d'exemple, citons le Portrait de Vécrivain Alexander Dominic (fig. 33) et le Portrait d'un ami. 34 Selon la datation du peintre, les deux tableaux, exécutés en 1925 et en 1926 à Bucarest, sont nettement postérieurs à la période de Berlin. Dans l'un et l'autre - dans le premier davantage que dans le second - les transitions de transparence à l'aspect vitreux sont obtenues par la fragmentation cubistique de la tête anguleuse et par des taches de couleur translucides. Dans les deux cas, la tête est sertie dans une sorte de monture : celle de l'écrivain se trouve entourée d'une forme ovale et celle de l'ami s'intègre à des fragments architecturaux sur fond de ciel bleu lumineux. Une égale importance y est accordée à l'indépendance des formes et à la transparence, à la luminosité des motifs. Il n'est certainement pas dû au hasard que la critique de l'époque établissait des liens entre l'art de Maxy et la peinture française. Pour saisir la magie des œuvres de Robert Delaunay, il n'était pas nécessaire d'aller à Paris, on pouvait bien les admirer à Berlin dans le cadre des expositions à la Galerie Der Sturm ou ailleurs. C'est d'une autre conception de la lumière, moins abstraite moins filtrée mais néan­moins spécifique, que témoignent deux autres portraits de Maxy intitulés Ion Calugâru 35 et Madone électrique. 7 ' 6 Sur le fond sombre du premier, les échappées de lumière ne font ressortir que certains fragments - les tons jaunâtres chauds s'accompagnent de reflets verts. Dans le deuxième cas, le visage, le cou du portrait féminin se composent de formes vigoureusement dynamiques et imprégnées de lumière. Les plans géométri­ques sombres du fond ne servent qu'à accentuer la tension qui émane du visage pareil à une apparition avec le bleu rayonnant et irréel des yeux. Le cubisme de Maxy allie de manière originale l'orphisme de Delaunay, la lumière cristalline de Lyonel Feiningeret l'art prismatique d'Arthur Segal. Dans le même temps, on y découvre çà et là, comme chez les autres avant-gardistes roumains, quelques pro­cédés futuristes. 34 M.H. Maxy : Portrait d'Alexander Dominic (n.21) ; M.H. Maxy, Portrait d'un ami, 1926, huile sur carton, 72,4 x 50,5 cm, signé en bas, à gauche : Maxy 926, Bruckenthal Múzeum, Nagyszeben (Sibiu). 35 M.H. Maxy : Ion Calugâru 1924, huile sur toile, 60 x 40 cm, signé au milieu, à gauche : Maxy 1924, Muzeul National de Artâ, Bucarest, n° d'inv.: 4653. 36 M.H. Maxy : Madone électrique 1926, huile sur carton, 70,5 x 46,5 cm, signé en bas, à gauche : Maxy 926, Muzeul National de Artâ, Bucarest, n° d'inv.: 8100.

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