Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 85. (Budapest, 1996)
FÁY, ANDRÁS: Le dilemme d'une mise au jour. La restauration de VAutoportrait d l'artiste avec sa femme et son fils par Johann Kupezky
cas des prélèvements des couches de pigments, il était beaucoup plus difficile de séparer les couches que dans le cas de la préparation, parce que les pigments paraissaient plus homogènes, et ne prouvaient pratiquement rien quant à la postériorité supposée des unes par rapport aux autres. Par contre, le prélèvement sur la manche rouge de la veste de l'enfant a bien révélé en coupe microscopique un repeint, constitué d'une couche de surface broyée de trois couleurs (grains blancs, noirs charbon et rouges) étalée sur un glacis originale garance qui a pu être mis au jour et conservé en assez bon état. Le prélèvement ne contenait cependant pas la partie inférieure de la couche sous-jacente, un violet-gris relativement épais, destiné à éclairer le glacis garance du vêtement du garçonnet et à lui prêter un éclat soyeux, grâce à l'effet optique ainsi créé. Dans d'autres cas, c'est le degré insuffisant de décomposition photographique qui a empêché l'évaluation des couches. Même la reproduction maximale, à une échelle de 160, n'a pas suffi d'identifier correctement les grains de pigment et les couches dont ils sont issus. Les différences ont pu être décelées bien mieux à l'examen microscopique ou macrophotographique de la surface picturale, lorsque l'occasion s'en était présentée (par exemple pour les repeints et les couches craquelées du fond). Les examens microscopiques ont été effectués parallèlement à la mise au jour et ont grandement facilité l'observation de la surface des parties déjà nettoyées et le contrôle de l'effet du solvant. Evaluation On peut affirmer en définitive que les examens et la restauration ont plus ou moins mis en évidence la structure de l'œuvre. Toute la toile fut peinte dans la première phase. L'artiste avait commencé par esquisser les trois figures au centre, puis le fond et les draperies, sur une surface brun verdâtre de ton plus clair. De façon plus détaillée : une variante du portrait féminin sous-jacente (avec la tête et le voile couvrant les cheveux et la draperie jaune encadrant les épaules) appartient au premier stade de la création. Quant à la draperie bleu clair, ornée sur le bord et retombant de la tête, elle suscite des controverses : la peinture à l'aspect vitreux semble avoir le même âge que les couches les plus anciennes. Pourtant la logique de la création dicterait plutôt qu'elle soit contemporaine de la seconde variante de tête à la pose changée. A rencontre de cette thèse, on peut toujours invoquer que l'artiste avait l'habitude de construire son œuvre à partir de motifs déjà peints, et cela dès la première phase de la création (voir par exemple les détails du béret rouge et du col). Selon moi, la draperie bleue daterait plutôt de la période la plus ancienne, et devrait incontestablement être de la main de Kupezky. De la seconde phase des travaux sont issues les repeints perceptibles sur le visage des parents, sur une variante du col (celle qui est plus proche du cou), et sur tout l'arrière-plan. Dans la troisième phase, on a repeint en bleu foncé le béret de l'artiste, modifié son col, sa veste (variante brune) et le fond tout entier par l'application de deux couches, sauf dans la partie droite où le brun initial de l'arrière-plan n'a pas été repris. C'est grâce à cela que la peinture originale y fut moins craquelée et mieux conservée que dans le reste du tableau. Parallèlement, le panache, la main du garçonnet et les détails