Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 85. (Budapest, 1996)
LIPTAY, ÉVA: Réflexions sur le rôle symbolique des lézards en Egypte a propos de deux objets de bronze
présence des figurines du lézard sur les socles en bronze. Mais ce n'est qu'un côté de la médaille car il s'agit aussi d'une symbolique plus sophistiquée où des aspects solaires, chthoniens et apotropaïques jouent un rôle plus important. Selon les Égyptiens, les reptiles et les amphibies étaient des êtres chthoniens étant en rapport étroit avec le monde, avant et pendant l'acte de la création, et avec l'Au-delà (souterrain). Plusieurs observations semblaient confirmer les rapports des lézards (et des serpents) avec l'Audelà. En effet, ces reptiles fourmillaient dans le désert occidental, dans les nécropoles et autour des tombes. D'un moment à l'autre, ils ont disparu, se sont cachés sous la terre ou dans les cavités rocheuses se mettant ainsi en rapport avec le monde souterrain. Leur faculté de pouvoir changer de peau (exuvie) leur a valu la vertu de pouvoir changer de forme, d'être capables de se régénérer: deux caractéristiques qui, selon les Égyptiens, n'étaient propres qu'aux êtres surhumains jouant un rôle important dans les croyances funéraires. Sur les plans illustrant le Livre des Deux Chemins, dessinés à l'intérieur du fond des sarcophages (CT VII, pl. 1, Le Caire 28083 et 28085), 17 apparaissent des êtres étranges: des figures au corps humain et à tête d'animaux tiennent dans les mains des serpents et des lézards. Leur rôle d'outre-tombe n'a rien à voir avec le dieu Atoum d'Héliopolis. 18 II faut trouver une autre explication partant de la présence du lézard tenu dans la main. Que sait-on de ces génies? Dans les textes funéraires, ils sont appelés m3s.tjw, terme provenant probablement du mot mJs.t («genou») renvoyant à leur pose accroupie (sous forme de momie, ils sont assis, agenouillés ou accroupis). 19 D'autres explications sont fournies par le chapitre 1099 des Textes des Sarcophages (CT VII, 398 d - 399 a), selon lequel le défunt identifié à Rê est salué par un tel génie «le visage penché sur les genoux». Cela peut être le geste de la révérence aussi bien que le signe d'un caractère mystérieux. Le visage caché peut empêcher de deviner le nom du génie, sans quoi le défunt ne pourra pas continuer son chemin. Leur trait mystérieux est d'ailleurs confirmé par leur épithète «au visage caché» (Textes des Sarcophages, chap. 1183 et 1073). Dans une série de textes (ibid., chap. 1070-1071 et 1181) qui les concernent, on trouve l'énumération de leurs noms quand ils apparaissent devant Rê (et le défunt) dans la barque solaire. Ces noms 20 évoquent des qualités redoutables 21 tandis que les légendes accompagnant les figures contiennent la formule magi17 II fut écrit sur le fond de la cuve pour que la momie soit installée, concrètement et par voie magique, sur ces chemins, cf. Barguet, P., RdE 21(1969) p. 7-17. 18 C'est aussi l'opinion de Hornung et de Staehelin {op. cit. p. 110) qui, examinant les motifs de lézards sur des scaraboïdes, ne trouvent pas non plus convaincante l'hypothèse émise par Mysliwiecz quoique, dans certains cas, le lézard puisse y être associé à la figure d'un pavian. 19 Zandee, J., Death as an Enemy, Leiden 1960, p. 204 et Hornung-Staehelin, op. cit. p. 110 font remarquer que la pose assise de ces génies, sans appui (siège ou trône) aucun, peut renvoyer notamment à une étape transitoire de la résurrection ou du renouveau. Pour un génie funéraire du même type, cf. Piankoff, A. - Rambova, N., Mythological Papyri, New York 1957, n° 13 ( XXL Dyn.). 20 On y retrouve aussi le nom de Nehebkaou. A côté du serpent (même sous forme redoublée), le déterminatif du nom peut être aussi le lézard, dans la version saïte du Pyr. § 229. 21 Ces noms peuvent faire allusion non seulement à l'apparence redoutable ou à l'aspect destructeur des génies mais aussi aux qualités générales des animaux dont ils portent la tête sur le cou, cf. Grimm, A., GM 31 (1979) p. 27-34.