Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 83. (Budapest, 1995)
Le Musée des Beaux-Arts en 1994
raison pour laquelle à la cimaise de la salle d'exposition se trouvaient accrochées, outre les œuvres de Jan Wellensz de Cock, d'Allaert Claesz et de Dirk Vellert, celles entre autres de Dürer, de Cranach, d'Altdorfer, de Burgkmair ou d'Urs Graf. Pour Lucas ces maîtres représentaient non seulement des modèles à suivre mais aussi des rivaux à surpasser. L'idée, l'organisation et la réalisation de l'exposition Paraphrases de Piranesi (du 7 octobre 1994 au 8 janvier 1995) reviennent à Andrea Czére. A la suite de la première présentation en Hongie de l'œuvre de ce dessinateur-architecte aux talents multiples, dont nous avons déjà parlé, le musée, de concert avec l'Ecole supérieure des Beaux-Arts et la rédaction de la revue littéraire et artistique Nappali Ház (Maison diurne), lança sous le titre Piranesi à Budapest un concours à l'intention des artistes hongrois. Ceux-ci se virent invités à broder sur le thème de la capitale hongroise, à partir des vues gravées sur cuivre et des Capriccios architecturaux pleins de fantaisie et mêlant des éléments fictifs et réels de Piranesi, de son mode de composition libre, de la riche texture de ses eaux-fortes. Les œuvres envoyées au concours, d'une grande diversité quant au choix du genre, du thème et des procédés artistiques, avaient des points d'attache avec Piranesi à travers le thème général du capriccio architectural, la prise en compte de l'héritage culturel, la figuration de la fragilité des choses, et l'évocation d'un air de grandeur passée, tout imprégnées de l'angoisse d'un inquiétant étrangeté. Au plan esthétique la parenté se manifeste par la liberté de l'imagination, l'emploi du ton ironique et des procédés relevant du trompe l'œil, la place centrale accordée aux jeux de perspective et d'échelle et la perméabilité des frontières séparant les genres artistiques. L'art moderne affectionne égalemenet le capriccio et le fragment, étant donné que la représentation d'un fragment du monde lui semble plus authentique que d'en montrer la totalité, entreprise de moins en moins possible de nos jours. La plupart des œuvres présentées au concours étaient des estampes, mais il y avait aussi des dessins originaux, des photographies, des peintures et des projets de décor. Les 70 tableaux sélectionnés en vue de l'exposition avaient pour auteur 23 jeunes candidats débutants et 13 artistes ayant déjà acquis un nom. Les quatre lauréats ex aequo du concours s'appellent László Hegedűs 2, Gábor Szörtsey, Andor Veres et une équipe composée de Timca Szabolcs, Szabolcs Szilágyi, Dávid Tomay et Agnes Zölley. L'exposition de la Collection Praun (du 21 octobre 1994 au 15 novembre 1995 et du 8 avril au 31 juillet 1995) a été réalisée par Katrin Achilles-Syndram et Szilvia Bodnár. Précédemment c'est l'histo- rienne d'art berlinoise Katrin Achilles-Syndram qui avait préparé une thèse de doctorat sur la reconstruction du cabinet Praun. Ses recherches ont d'abord abouti à l'exposition des dessins de cette collection au Germanisches National-museum de Nuremberg entre le 3 mars et le 15 mai 1994 sous la direction d' Achilles Syndram. Apartir des 120 feuilles de Budapest et de quelques peintures, dessins, statues et objets d'art décoratif empruntés à d'autres musées, on pouvait se faire une idée globale non seulement des dessins mais aussi de toute la collection Praun. La manifestation s'est accompagnée de la publication d'un catalogue scientifique de 400 pages (Kunst des Sammeins. Das Praunsche Kabinett. Meisterwerke von Dürer bis Carracci. Nürnberg 1994). Les quelque 150 œuvres présentées à Budapest ont été puisées dans la collection du Musée des Beaux-Arts. Les environ dix mille objets d'art qu'avait réuni le Cabinet Praun en avaient fait la plus riche collection artistique du Nuremberg du XVIc siècle, en même temps que l'un des plus