Tátrai Vilmos szerk.: A Szépművészeti Múzeum közleményei 82. (Budapest, 1995)
GABODA, PÉTER: Conclusions historiques (et muséologiques) du trajet d'une statue égyptienne
l'Académie des Sciences de Hongrie que celle-ci envoie une délégation de scientifiques à Constantinople. 23 Ainsi la capitale de l'Empire Ottoman a accuelli, au printemps 1862, deux missions hongroises qui ont obtenu des résultats d'importance universelle. La première mission dirigée par Kubinyi a espéré d'obtenir l'accès du trésor du sultan pour pouvoir retrouver les traces des manuscrits, les fameux "Corvinas", datés du règne du roi Mathias Corvin (1458-1490) et tombés dans les mains des Turcs conquérants au XVI e siècle. La deuxième mission fut celle du turcologue Armin Vámbéry (1832-1913) qui faisait alors ses préparatifs pour parcourir, déguisé en "derviche boiteux", l'Asie centrale. Son entreprise fut couronnée de succès à l'échelle internationale. Contrairement à l'opinion généralement admise, Vámbéry a attendu à Constantinople l'arrivée de la délégation de l'Académie des sciences de Hongrie pour qu'il puisse les aider grâce à ses relations auprès des milieux gouvernementaux et à ses connaissances du pays. 24 Les membres de la délégation: Kubinyi, Arnold Ipolyi et Imre Henszlmann ont eu également une lettre de recommandation adressée au baron Anton Prokesch Osten (1795-1876) internonce autrichien auprès de la Porte. 25 Le diplomate Prokesch fut un expert des affaires de l'Orient et fut lié à l'Orient aussi par ses activités de poète, d'historien et de collectionneur. Non sans réserves, quant aux projets de la délégation, Prokesch a réussi à obtenir une audience auprès de Fouad Pacha. 26 Au cours de cette rencontre, Fouad a fait preuve non seulement de ses qualités d'homme des sciences (poète, auteur de la première grammaire moderne de la langue turque) mais aussi de son attachement aux trésors de son pays. La délégation n'a obtenu qu'une autorisation de l'accès des bibliothèques d'Es/d Sérail ("Sérail Ancien"). C'est dans les salles de ces bibliothèques qu'ils ont pu voir quelques manuscrits supposés "Corvinas" apportés de l'autre bâtiment royal, le Kubbe alti ("Ce qui est sous la Coupole") fermé aux visiteurs européens. La vue de ces manuscrits a encore ravivé la curiosité de la délégation: ils ont fait tout pour obtenir l'accès du Kubbe alti ou, du moins, pour étudier dans le détail les manuscrits qui leur avaient été présentés. Mais ils ont eu à surmonter des obstacles qui paraissaient alors insurmontables car l'intervention de Prokesch ne suffisait pas. 27 Quant à Vámbéry, qui leur avait pourtant apporté la plus grande aide possible (grâce à 23 C'est à la séance du 17 mars 1862 de l'Académie que Kubinyi s'est adressé à l'Académie pour obtenir l'autorisation de se rendre en Turquie à la recherche de monuments historiques ayant trait à l'histoire de Hongrie; cf. notamment Ipoly, A., Századok 11 (1877) p. 463-73; Magyar Könyvszemle 3 (1878) p. 103-120. 24 L'autobiographie de Vámbéry ainsi que les monographies écrites sur lui passent sous silence ce moment: mars 1862 est en général indiqué comme la date de son départ de Constantinople pour l'Asie centrale. Dans mon étude (manuscrite) "A sánta dervis és a Corvinák", je tente de préciser ce que Vámbéry a fait à Constantinople, encore en mai!, pour aider la délégation de l'Académie à accomplir sa mission. 25 Prokesch fut ambassadeur extraordinaire (dès 1855) puis ambassadeur permanent (dès 1867) auprès de la Porte. Il a gardé ce poste jusqu'à sa mise à la retraite. Le titre du comte lui fut accordé. 26 Dans cette période, Fouad était le Grand vizir - il fut nommé à ce poste la première fois le 22 nov. 1861 après s'être acquitté de la fonction du ministre des affaires étrangères à quatre reprises. 27 Une étude sur les rapports entre Fouad et Prokesch précise que "Prokesch a entretenu des liens d'amitié avec Fouad quoiqu'il n'ait jamais exercé une influence importante sur cette personne délicate et de caractère ferme. On dit qu'il craignait un peu ce dernier." Cf. Reform 2 (1871), n° 277, le 7 oct, couverture.